Raynaud, M. M., Cardosi, G., Tchenkeu, F. J., & & Al. (2022). Emerging from Violence Trap : A Fragile Transition (RESAUD- Afrique SURE / Africa SAFE). Engagement and Resilience to Violence Series.
2022
Raynaud, M. M., Cardosi, G., & Tchenkeu, F. J. (2022). Sortir du piège de la violence: Une transition fragile (RESAUD- Afrique SURE /Africa SAFE). Série: Engagement et Résilience à la Violence.
2024
Ndoye, F., Ba, I., Diop, D., & & Al. (2024). Drogue, violence et résilience : Consommateurs de drogue en cure et anciens délinquants violents à Dakar. Santé Publique.
2023
Raynaud, M. M. (2023). Un partenariat académique Nord/Sud et Sud/Sud. Bulletin ADP Villes En Développement.
Les projections démographiques sur l’Afrique mettent en question l’état de préparation actuel des professionnels de l’urbain dans la gestion de la croissance urbaine locale, actuelle et future. Le bulletin Villes en développement aborde ici la question de la formation aux métiers de l’urbain en Afrique. Ce thème sera traité sur deux numéros. Il fera également l’objet du n° suivant, qui paraîtra en septembre.
La capacité locale de répondre aux besoins locaux de gestion et planification urbaine, tout comme la recherche et la collaboration professionnelle dans les différentes régions du continent africain sont fondamentales. Quel est l’état des lieux en matière de formation de jeunes urbanistes ? Comment s’insèrent-ils dans la matrice décisionnelle des administrations publiques, sur les marchés d’études et de conseil portant sur l’évolution des villes et des territoires ? Certains pays ont depuis longtemps mis sur pied leurs propres instituts de formation alors que d’autres n’ont pas même de structure administrative dédiée aux services urbains fondamentaux, loin encore d’entreprendre une gestion plus assurée de la croissance urbaine.
Quelles sont les différentes approches régionales ? Les initiatives éducationnelles locales permettent-elles de concrétiser les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU votés par les États, dont les pays du continent eux-mêmes ?
Ce numéro propose un tour d’horizon suc- cinct des approches régionales. En guise de point de repère, nous reproduisons ici un texte du Campus AFD de Marseille qui laisse deviner la vision de l’agence sur le sujet. L’article de Siphokazi Rammile et Mareli Hugo porte un regard sur certaines caractéristiques de l’enseignement et d’ac- créditation en matière de planification urbaine en Afrique australe anglophone. Celui de Michel Max Raynaud présente l’exemple de RESAUD, un programme col- laboratif entre l’ONU-Habitat et l’Université de Montréal, pour un partenariat acadé- mique Nord/Sud et Sud/Sud qui s’efforce de transférer les ressources essentielles pertinentes dans le Sud. Le point de vue de deux acteurs majeurs dans l’enseigne- ment africain, Kodjo Tchini et Jean-François Tempéré, est recueilli par Marie Dols, elle- même enseignante auprès des institutions avec lesquelles ils travaillent.
La formation et l’insertion des jeunes urbanistes notamment francophones, dans les villes en devenir de la région Afrique est un sujet central pour l’association AdP. Depuis le Forum urbain mondial de Katowice, notre association met en œuvre son engagement d’aider à l’émergence d’un réseau international des professionnels francophones de l’urbain dont l’objectif est principalement d’améliorer la circulation internationale de l’expérience de ces professionnels.
Michel Caron
2022
Tchenkeu, F. J., & Raynaud, M. M. (2022). Comprendre le désordre urbain en Afrique Sub-saharienne : proposition d’un modèle systémique.
Parler d’ordre ou de désordre en urbanisme reste une question de point de vue. Prenons comme exemple une expérience que tout le monde a pu faire. Lorsqu’on survole en avion de nuit la majorité des villes euro- péennes2, les rues sont éclairées et donc très visibles du ciel. On est d’abord frappé par un apparent désordre du tracé de ces rues. En dehors de quelques axes rectilignes et de quelques boulevards aux courbes régulières, les tracés des rues des quartiers semblent labyrinthiques, indéchiffrables. Une fois arrivé à destination, en pénétrant en taxi dans la ville, on constate un alignement du bâti, une rigueur des prospects, une certaine homogénéité des matériaux des façades et des modénatures. La ville obéit à un ordre, celui des règlements stricts en contradiction avec le désordre mémorisé depuis l’avion. Lorsqu’on survole de nuit en avion les villes étasuniennes, c’est l’orthogonalité rigoureuse des tracés urbains qui frappe. Une orthogonalité des trames des rues qui fuient vers l’infini ; ce fameux « petit damier » image mythique de la ville américaine qui a impressionné Jean-Paul Sartre lors de sa première visite en Amérique en 1945. Depuis le taxi qui nous conduit ensuite vers le centre, la perception est totalement différente : une accumulation de formes construites, toutes différentes en tailles, en matériaux ; l’image d’un chaos urbain. Qui, de la ville européenne ou de la ville américaine, représente l’ordre et qui représente le désordre ? Aux habitués des villes d’Europe, les villes américaines semblent anarchiques ; aux citoyens des villes des États-Unis, les villes européennes ressemblent à des labyrinthes.
2019
Victimisation et perception de la sécurité. Résultats de l’enquête de victimisation menée auprès de 1000 ménages de quartiers défavorisés de Dakar et de sa région. (2019). 5 infographies RESAUD- Afrique SURE /Africa SAFE.
2021
Raynaud, M. M., Hamelin-Raynaud, M., Cardosi, G., & al. (2021). Criminalité, violence et insécurité dans les quartiers défavorisés de Dakar : analyse de la situation (RESAUD- Afrique SURE /Africa SAFE). Série Violence, Insécurité et Précarité Urbaine.
2021
Raynaud, M. M., Hamelin-Raynaud, M., Cardosi, G., & al. (2021). Crime, violence, and insecurity in the disadvantaged neighbourhoods of Dakar: An analysis (RESAUD- Afrique SURE /Africa SAFE). Violence, Insécurity and Urban Precariousness Series.
2021
Tchenkeu, F. N., & Raynaud, M. M. (2021). Processus de décentralisation au Cameroun : enjeux et défis de gouvernance urbaine. African Cities Journal.
Comment le Cameroun répond-il à ses engagements pris lors d‘Habitat III pour une nouvelle gouvernance urbaine ? Le processus de décentralisation engagé depuis janvier 1996 par le gouvernement camerounais serait une réponse, mais cette réponse est-elle suffisante et quelles sont les limites rencontrées ? Cette réflexion s’appuie sur une approche historique. Les principaux facteurs conduisant à une gouvernance efficace ont prioritairement été examinés. Les recherches documentaires confrontent les textes officiels encadrant la décentralisation, les discours et les faits des acteurs (représentant de l’État, élus locaux et citoyens). L’étude met en évidence des avancées obtenues à la suite de tentatives de résolution de crises sociopolitiques (tripartite et Grand Dialogue National); mais le mécanisme de décentralisation demeure contrôlé par le gouvernement national, limitant la gouvernance au niveau local. Au Cameroun, l’héritage du système colonial d’administration français, différent du système anglais, a conditionné et conditionne encore la gestion des circonscriptions territoriales. Bien que leur légitimité soit reconnue dans les textes de loi, les élus locaux restent inféodés aux représentants de l’État (Préfets) et les conflits entre les divers acteurs perdurent. Les articles de lois encadrant la décentralisation se contredisent subtilement, d’autres ne sont pas strictement appliqués et d’aucuns en attente de décrets d’application. En outre, reste à définir, le cadre pour la reddition des comptes par les gouvernements urbains, une gestion transparente des municipalités et une véritable participation citoyenne. Enfin, les élus locaux devraient davantage jouer un rôle dans le recrutement de l’équipe managériale et la définition des politiques du FEICOM.
Mots clés: Décentralisation, Gouvernance urbaine, Gouvernement urbain, Elus locaux, Cameroun
2019
Cardosi, G. (2019). Design and adaptation in contested urban spaces: the case of the Toi Market as a multi-level settlement in Nairobi, Kenya [Université de Montréal].
Nairobi compte près de 200 bidonvilles où vit 70% de sa population. La plupart des habitants manquent de sécurité foncière et subissent des menaces constantes d'expulsion forcée. Pourtant, nous en savons encore très peu sur la façon dont ces établissements se forment, se développent et se consolident dans des espaces urbains contestés et comment leurs habitants s'adaptent aux conditions d'incertitude. Une partie de la raison réside dans l'écart entre les théories de design et d'adaptation. Alors que la théorie du design se concentre principalement sur les processus cognitifs des professionnels (en négligeant les mécanismes d'adaptation adoptés par les habitants des bidonvilles), les transformations spatiales dans les taudis sont souvent abordées par la théorie de la résilience qui, de son côté, ne tient pas compte des processus de design.
Quel est le rôle du design dans les processus d'adaptation liés à des espaces urbains contestés? Je réponds à cette question en explorant les relations entre le design et les capacités d'adaptation dans le Toi Market, le deuxième plus grand marché informel de Nairobi. J'étudie les régimes fonciers du marché et les pratiques de design des commerçants au moyen d’une étude de cas combinant des enquêtes longitudinales et transversales. Le parcours de recherche est abductif. Le cadre conceptuel de la recherche est basé sur une revue de la littérature sur le régime foncier et la théorie du design. Les concepts de rationalité limitée, d'incertitude et de mécanismes adaptatifs constituent la base du cadre théorique utilisé pour analyser les données empiriques. La méthodologie comprend l’observation participante, 59 entrevues avec les commerçants, des rencontres avec les leaders du marché, des techniques de cartographie et l'analyse de plus de 80 documents pertinents sur le marché. Les résultats montrent que le Toi Market a trois types de conditions foncières controversées et que les commerçants mènent des activités de design à trois niveaux: le design de développement, le design évolutif et le design de consolidation.
Le design de développement consiste en des initiatives collectives d'adaptation suscitées par des mécanismes de survie. Ce type de design émerge en réaction aux interventions urbaines ordinaires. Il renforce le capital social et vise à améliorer la fonctionnalité du marché. Le design évolutif est mené par des sous-groupes communautaires en réponse aux principaux événements et aux forces externes. Il conduit à des changements sociaux et morphologiques à l’échelle urbaine et dépend des mécanismes de gouvernance et de contrôle. Le design de consolidation fait référence à des initiatives adaptatives dirigées par des individus et des groupes et menées en période de relative stabilité. Il renforce le développement économique et les réseaux, et cherche à atteindre la sécurité foncière. Il émerge principalement dans des niches vacantes, car les habitants des bidonvilles profitent des espaces vides et sous-utilisés.
Ces trois niveaux de design génèrent ce que j'appelle ici les établissements multiniveaux. J’oppose ce concept à celui de « quartiers informels », un concept qui ne représente pas la façon dont les bidonvilles et les marchés fonctionnent et évoluent. Je rejette donc la dichotomie formelle/informelle qui persiste dans la littérature. La notion d’habitat multiniveaux reconnaît l'influence d’alliances changeantes et de multiples niveaux de gouvernance comme faisant partie intégrale des processus de design. Dans ces habitats, le design émerge comme un connecteur de capacités adaptatives. Les concepts d’habitats multiniveaux, de niche vacante et de design en tant que connecteur de capacités adaptatives peuvent aider des intervenants à développer des initiatives d’amélioration des bidonvilles qui répondent à l'approche de design adoptée par les habitants de bidonvilles. Ces initiatives peuvent reconnaître la présence d'alliances multiples qui parfois entravent – et d'autres qui favorisent – le changement désiré. Les pratiques de design communautaire peuvent également être adaptées pour équilibrer les objectifs collectifs et individuels. En comprenant ces concepts, les décideurs peuvent à la fois optimiser l'espace disponible en fonction des pratiques locales et prévoir la façon dont les modèles apparaîtront dans les espaces prévus. Enfin, j'encourage les chercheurs à explorer davantage la pensée et la pratique de design des habitants de bidonvilles et de les inclure dans la théorie du design.
Mots-clés : Planification urbaine, Design urbain, Urbanisme informel, Quartiers informels, Marchés informels, Théories du design, Herbert Simon, Organisation spatiale, Adaptation, Capacités d’adaptation, Régime foncier, Étude de cas longitudinale, Nairobi, Kenya, Toi Market, Espaces urbains contestés, Rationalité limitée.
2020
Tchuenté, D., & Ngwambé, M. F. (2020). Préparation aux situations d’urgence en appui à la Communauté Urbaine de Yaoundé Cameroun. Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) et Communuaté urbaine de yaoundé.
La préparation aux situations d’urgence en appui à la Communauté Urbaine de Yaoundé (CUY) est réalisée dans le cadre de « l’initiative pour la Santé & la salubrité en Villes », traduction du partenariat entre l’AIMF et la Fondation Bill & Melinda Gates, signé en mars 2017. Yaoundé a été choisie comme ville pilote parce que répondant aux critères de priorisation retenus, notamment les risques récurrents et prédictibles d’ampleur moyenne et l’implication dans le projet GBV/ ISSV. En effet, c’est une ville régulièrement soumise aux inondations récurrentes qui occasionnent des dégâts socio-économiques parfois aux conséquences irréversibles : perte en vies humaines, destruction des logements, pollution de la nappe phréatique, épidémies...
L’objectif assigné aux consultants était de préparer la Communauté Urbaine de Yaoundé à la gestion des situations d’urgence liées aux inondations. Ceci a pour but de :
• Renforcer les dispositifs d’alerte précoce, notamment avec des dispositifs communautaires ;
• Mettre en place un dispositif formel de gestion des crises au niveau de la CUY.
2018
Tchuenté Tamtchom, D. B. M. (2018). Évaluation de la vulnérabilité des infrastructures essentielles interdépendantes dans la métropole de Yaoundé : s’appuyer sur l’expérience de Montréal pour proposer une méthodologie adaptée aux métropoles de l’Afrique subsaharienne [Université de Montréal].
Depuis une quinzaine d’année, le Centre Risque & Performance (CRP) de Polytechnique Montréal a mis en place un outil sociotechnique d'aide à la décision, appelé DOMINO. Essentiellement utilisé à Montréal et Québec, DOMINO a permis d'améliorer efficacement la gestion des infrastructures essentielles interdépendantes (IEI) dans ces villes.
Notre étude amorce la réflexion sur l’implantation et l’utilisation de DOMINO dans le contexte d’une métropole de l'Afrique subsaharienne comme Yaoundé. Celle-ci s’appuie sur l’expérience du CRP et soulève des questions liées à son adaptabilité, à sa transférabilité et à son applicabilité. En effet, il s’agit d’une métropole aux caractéristiques urbanistique, socio-économique, politique et technique très différentes de celles du Canada.
Dans cette étude, nous avons exploré les problématiques liées à l’interdépendance, autant fonctionnelle que géographique des infrastructures essentielles. Elle nous a permis de faire une caractérisation des parties prenantes et de montrer la nécessité pour celles-ci de créer ou de renforcer la collaboration entre elles, afin d’être en mesure d’utiliser de manière optimale l’outil à implanter. Nous proposons une structure de gouvernance d’un Espace de coopération qui prend en compte les facteurs politiques, institutionnels, culturels, technique et temporel, afin d’assurer l’efficacité des actions mises en œuvre. Une telle étude nous a donné l’occasion de réfléchir sur l’articulation entre la démarche du CRP avec les pratiques de l’urbanisme. Ceci en examinant la fonction de l’Espace de coopération comme espace de coordination des intervenants en milieu urbain et en menant un travail réflexif sur le rôle et le positionnement d’un urbaniste dans une démarche d’implantation d’une technologie numérique. Nous avons répondu à notre question spécifique de recherche qui était de savoir si l’outil DOMINO peut permettre de créer un Espace de coopération regroupant les partenaires publics et privés responsables des infrastructures essentielles interdépendantes de la métropole de Yaoundé ?
Mots clés : Infrastructures essentielles interdépendantes, DOMINO, Espace de coopération, Yaoundé
2017
Kaboré, L. R. (2017). Gouvernance ? Du projet d’aménagement de la zone d’Actiivtés Commerciales et administratives (ZACA) de Ouagadougou. Colloque Interuniversitaire urbain- Interuniversitary urban Colloque, Montréal.
Le projet d’aménagement de la Zone d’Activités Commerciales et Administratives de Ouagadougou (Projet ZACA) a été initié par le Gouvernement du Burkina Faso en 2000. Son objectif est la modernisation du centre de la capitale. Malgré des investissements importants qui ont conduit à la libération du site depuis 2003, puis à la réalisation des voiries et réseaux, le projet rencontre de sérieuses difficultés d’exécution, tant au niveau quantitatif, qualitatif, qu’organisationnel ; d’où l’intérêt d’explorer la problématique de montage et de gestion des projets urbains dans un pays en développement. Le travail de recherche avait pour objectif d’appréhender les facteurs de blocage et formuler des recommandations en vue de la relance du projet. Pour cela la méthodologie trouve son essence dans une phase de terrain faisant appel à des visites, l’utilisation de la photographie, de la cartographie, et des entretiens avec divers acteurs du projet : responsables administratifs, promoteurs, propriétaires fonciers. Ce résumé présente le contexte d’émergence du projet, en dresse un bilan, puis formule des recommandations.
2016
Doumbia, N. Y. (2016). Quand la manifestation tourne à l’émeute : les affrontements violents entre forces de l’ordre et manifestants en Côte d’Ivoire [Université de Montréal].
Les manifestations de crise, en Côte d'Ivoire, ont été extrêmement violentes. Au cours des quinze dernières années, plus de 400 personnes sont mortes, tuées dans des affrontements avec les forces de sécurités ou des contre-manifestants. Malgré la gravité du problème, peu d’études scientifiques y sont consacrées et les rares analyses et enquêtes existantes portent, de façon unilatérale, sur l’identité et la responsabilité pénale des auteurs et commanditaires putatifs de cette violence. La présente étude s’élève contre le moralisme inhérent à ces approches pour aborder la question sous l’angle de l’interaction : cette thèse a pour objectif de comprendre les processus et logiques qui sous-tendent l’usage de la violence au cours des manifestations.
Le cadre théorique utilisé dans cette étude qualitative est l’interactionnisme symbolique. Le matériel d’analyse est composé d’entrevues et de divers documents. Trente-trois (33) entrevues semi-dirigées ont été réalisées avec des policiers et des manifestants, cooptés selon la technique de la boule de neige, entre le 3 janvier et le 15 mai 2013, à Abidjan. Les rapports d’enquête, de l’ONG Human Rights Watch, sur les manifestations de crise, les manuels de formation de la police et divers autres matériaux périphériques ont également été consultés. Les données ont été analysées suivant les principes et techniques de la théorisation ancrée (Paillée, 1994).
Trois principaux résultats ont été obtenus. Premièrement, le système ivoirien de maintien de l'ordre est conçu selon le modèle d’une « police du prince ». Les forces de sécurité dans leur ensemble y occupent une fonction subalterne d’exécutant. Elles sont placées sous autorité politique avec pour mandat la défense inconditionnelle des institutions. Le style standard de gestion des foules, qui en découle, est légaliste et répressif, correspondant au style d’escalade de la force (McPhail, Schweingruber, & Carthy, 1998). Cette « police du prince » dispose toutefois de marges de manœuvre sur le terrain, qui lui permettent de moduler son style en fonction de la conception qu’elle se fait de l’attitude des manifestants : paternaliste avec les foules dites calmes, elle devient répressive ou déviante avec les foules qu’elle définit comme étant hostiles.
Deuxièmement, à rebours d’une conception victimaire de la foule, la violence est une transaction situationnelle dynamique entre forces de sécurité et manifestants. La violence suit un processus ascendant dont les séquences et les règles d’enchainement sont décrites. Ainsi, le premier niveau auquel s’arrête la majorité des manifestations est celui d’une force non létale bilatérale dans lequel les deux acteurs, protestataires et policiers, ont recours à des armes non incapacitantes, où les cailloux des premiers répondent au gaz lacrymogène des seconds. Le deuxième niveau correspond à la létalité unilatérale : la police ouvre le feu lorsque les manifestants se rapprochent de trop près. Le troisième et dernier niveau est atteint lorsque les manifestants utilisent à leur tour des armes à feu, la létalité est alors bilatérale.
Troisièmement, enfin, le concept de « l’indignité républicaine » rend compte de la logique de la violence dans les manifestations. La violence se déclenche et s’intensifie lorsqu’une des parties, manifestants ou policiers, interprète l’acte posé par l’adversaire comme étant en rupture avec le rôle attendu du statut qu’il revendique dans la manifestation. Cet acte jugé indigne a pour conséquence de le priver de la déférence rattachée à son statut et de justifier à son encontre l’usage de la force. Ces actes d’indignités, du point de vue des policiers, sont symbolisés par la figure du manifestant hostile. Pour les manifestants, l’indignité des forces de sécurité se reconnait par des actes qui les assimilent à une milice privée. Le degré d’indignité perçu de l’acte explique le niveau d’allocation de la violence.
Mots clés : indignité républicaine, maintien de l'ordre, manifestation, style de policing, compétence policière, psychologie de la foule, répertoire, violence, Afrique, Côte d'Ivoire.
2016
Kaboré, L. R. (2016). Défis de montage et gestion de projets urbains dans un PED : le cas du projet d’aménagement de la ZACA à Ouagadougou (Burkina Faso). Université de Monréal.
Le projet d’aménagement de la Zone d’Activités Commerciales et Administratives de Ouagadougou, appelé « Projet ZACA » a été initié par le Gouvernement du Burkina Faso en 2000. Son objectif est la modernisation du centre de la capitale. Cette opération déclenchée dans un contexte autoritaire et de forte centralisation des opérations d’urbanisme a entrainé le déguerpissement des populations, et l’élaboration de documents de planification par le bureau du projet ZACA : plan d’aménagement, règlement d’urbanisme, etc.
Malgré des investissements importants qui ont conduit à la libération du site et à la réalisation des voiries et réseaux, le projet rencontre de sérieuses difficultés d’exécution, tant au niveau quantitatif que qualitatif. Le travail de terrain et les entretiens menés montrent au delà du contexte économique, les errances institutionnelles qui ont conduit à la déliquescence du bureau de projet.
La cause profonde de la situation de blocage est l’absence d’une stratégie globale de gestion de projet.
Désormais, l’un des enjeux majeurs du projet est de retrouver la volonté politique et une mobilisation des acteurs pour inscrire la suite de l’opération dans une logique de projet urbain.
Rattrapé par le processus démocratique en marche, l’avenir du projet passe par la mise en place d’un cadre de concertation de l’ensemble des parties prenantes. L’implication de la ville et l’ouverture au secteur privé et aux investisseurs étrangers méritent une attention dans la définition d’une nouvelle stratégie globale concertée de gestion du projet ZACA, dont la vision doit s’inscrire dans le long terme.
La mise en œuvre d’une stratégie durable du projet ZACA devra s’accompagner de la mise en place d’une équipe de gestion dédiée.
2022
Raynaud, M. M., Hamelin-Raynaud, M., Cardosi, G., & Tchenkeu, F. J. (2022). State of research on youth violence and gender in Africa (RESAUD- Afrique SURE /Africa SAFE). Gender and Violence Series.
2022
Raynaud, M. M., Hamelin-Raynaud, M., & Cardosi, G. (2022). Understanding the sense of insecurity in the context of urban precarity: the discontinuities (RESAUD- Afrique SURE / Africa SAFE). Violence, Insécurity and Urban Precariousness Series.
2022
Raynaud, M. M., Cardosi, G., & Tchenkeu, F. J. (2022). Violence suffered and perceived violence: A paradoxal gap. RESAUD- Afrique SURE /Africa SAFE; Engagement and Resilience to Violence Series.
2022
Raynaud, M. M., Hamelin-Raynaud, M., & Cardosi, G. (2022). Comprendre le sentiment d’insécurité dans le contexte de la précarité urbaine : les discontinuités (RESAUD- Afrique SURE /Africa SAFE). Série Violence, insécurité et précarité urbaine.
2022
Raynaud, M. M., Hamelin-Raynaud, M., Cardosi, G., & Tchenkeu, F. J. (2022). État de la recherche sur la violence juvénile et le genre en Afrique (RESAUD- Afrique SURE /Africa SAFE). Série Genre & Violence.
2022
Raynaud, M. M., Cardosi, G., Tchenkeu, F. J., & al. (2022). Emerging from violence trap : A fragile transition (RESAUD- Afrique SURE /Africa SAFE). Engagement and Resilience to Violence Series.
2022
Raynaud, M. M., Cardosi, G., & Tchenkeu, F. J. (2022). Violence subie, violence perçue : un écart paradoxal (RESAUD- Afrique SURE /Africa SAFE). Série Engagement et Résilience à la Violence.
2015
Simonneau, C. (2015). Gérer la ville au Bénin : la mise en œuvre du Registre Foncier Urbain à Cotonou, Porto Novo et Bohicon [Université de Montréal].
La gestion des villes d’Afrique de l’Ouest pose problème à la période contemporaine : extension urbaine non maitrisée, services de base insuffisants, insécurité foncière. À travers l’aide internationale, d’importantes réformes visant à améliorer son efficacité ont pourtant été mises en place, mais elles semblent avoir été inefficaces. Dépassant ce constat d’échec, la thèse vise à comprendre comment se déroule l’acte de gérer la ville dans les circonstances particulières des villes d’Afrique de l’Ouest. La mise en oeuvre du Registre foncier urbain (RFU), système d’information foncière municipal multi-fonctions introduit au Bénin à travers des programmes de développement au début des années 1990, constitue le prisme à travers lequel la gestion urbaine est analysée. Celle-ci est ainsi approchée par les actes plutôt que par les discours.
S’appuyant sur une démarche socio-anthropologique, la mise en oeuvre de l’instrument est analysée depuis le point de vue des acteurs locaux et selon une double grille de lecture : d’une part, il s’agit de saisir les logiques de l’appropriation locale dont le RFU a fait l’objet au sein des administrations; d’autre part, il s’agit de comprendre son interaction avec le territoire, notamment avec les dynamiques complexes d’accès au sol et de sécurisation foncière. Une étude de cas multiple a été menée dans trois communes : Cotonou, Porto-Novo et Bohicon.
Deux ensembles de conclusions en découlent. Tout d’abord, le RFU s’est imposé comme l’instrument pivot de la fiscalité locale, mais est mis en oeuvre de manière minimale. Ce fonctionnement particulier est une adaptation optimale à un contexte fait de rivalités professionnelles au sein d’administrations cloisonnées, d’enjeux politicofinanciers liés aux différentes sources de revenus communaux et de tensions politicoinstitutionnelles liées à une décentralisation tardive. Les impacts du RFU en termes de développement des compétences professionnelles nationales sont insuffisants pour réformer la gestion urbaine depuis l’intérieur de l’administration municipale.
Ensuite, alors qu’il vise à centraliser l’information sur les propriétaires présumés de la terre, le RFU se heurte à la marchandisation de cette information et à la territorialisation de la régulation foncière. La mise en oeuvre du RFU s’en trouve affectée de deux manières : d’une part, elle s’insère dans ces circuits marchands de l’information foncière, avec cependant peu de succès ; d’autre part, elle a un impact différencié selon les territoires de la régulation foncière.
En définitive, l’acte de gérer la ville au Bénin n’est pas devenu automatique avec l’introduction d’instruments comme le RFU. La municipalité se repose plutôt sur les piliers classiques de l’action publique, l’administration et le politique, pour gérer la ville plurielle de manière différenciée. À l’endroit des concepteurs d’action publique, cette thèse plaide pour une prise en compte des modes de régulation existant dans les sociétés africaines, fussent-ils pluriels, reconnaissant les voies originales que prend la construction des institutions en Afrique.
Mots-clés : Gestion urbaine, système d’information foncière, fiscalité locale, administration publique, marché foncier, sécurité foncière, urbanisme, analyse de l’action publique, Afrique de l’Ouest, Bénin.