- Les grands textes de criminologie générale
- La criminologie et la sociologie criminelle africaine ; sécurité en Afrique
- La sécurité dans les villes africaines : aménagement sécuritaire des villes, police et sécurité informelle, la ville, l'espace et l'insécurité, la violence
- Rubrique documentaires audio/Articles Web/Vidéos/podcasts
- Mémoires et thèses
- Espace - ville et insécurité
Tessières, S. (2012). Enquêtes nationale sur les armes légères et de petit calibre en Côte d’Ivoire. Small Arms Survey.
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Zeïni, M. (2014). Problématique de la criminalité transnationale et le contrôle démocratique du secteur de la sécurité. Friedrich-Ebert-Stiftung.
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Cet article soutient la thèse selon laquelle l’apparition de la fraude douanière à Abidjan est générée par des opérateurs économiques véreux. Ce qui est à la base d’insécurité économique, politique et sociale au sein de jeune État comme la Côte D’Ivoire. Les douanes sont chargées d’appliquer du fait de leur présence aux frontières, de leur implication dans les opérations d’importation et d’exportation, de dédouanement, les normes techniques et les droits de protection intellectuelle. Les douanes gèrent les mouvements de fond et la législation des médicaments, etc. |
Tiquet, R. (2016). Service civique et développement au Sénégal: Une utopie au cœur des relations entre armée et pouvoir politique (1960-1968. Afrique contemporaine, 260(4), 17.
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Debos, M. (2013). Le métier des armes au Tchad : le gouvernement de l’entre-guerres. Karthala.
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Thibon, C. (2009). L’état et l’invention des délinquances : Europe-Afrique, réflexions comparatives. Afrique & histoire, 7(1), 10.
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Bazenguissa-Ganga, R. (n.d.). Instantanés au cœur de la violence : anthropologie de la victime au Congo-Brazzaville. Cahiers d’études africaines, 38, 150–152.
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Sardan, J.-P. O. (2004). État, bureaucratie et gouvernance en Afrique de l’ouest francophone. Un diagnostic empirique, une perspective historique. Politique africaine, 4(96), 23.
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Marguerat, Y. (1998). L’étude des violences urbaines : d’Ibadan (1994) à Abidjan (1997). Cahiers d’études africaines, 38, 150–152.
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En Afrique subsaharienne, la croissance démographique et la variabilité climatique génèrent d’importants mouvements de population en direction des espaces protégés. Ces changements n’épargnent pas la Côte d’Ivoire où la population est passée de 2,6 millions d’habitants (8 hab./km2) en 1950 à 23,1 millions d’habitants (soit 71,6 hab./km2) en 2015 (UN, 2017). Les dynamiques de peuplements impulsées par cette croissance démographique ont abouti à une saturation foncière, ce qui a orienté les populations agricoles en direction des espaces protégés générant ainsi des fronts pionniers agricoles à l’intérieur et en périphérie de ces territoires. Aujourd’hui, la raréfaction des ressources foncières en périphérie des espaces protégés ivoiriens témoigne de l’ampleur de la saturation foncière, et suscite une convoitise accrue des ressources de ces espaces (agriculture, chasse, pêche, cueillette, orpaillage), mettant ainsi en péril leur biodiversité. L’objectif de cette étude est de rendre compte des processus d’exploitation de deux territoires situés en marge d’espaces protégés, afin d’entrevoir l’évolution de la pression anthropique. Il s’agit de caractériser les dynamiques de peuplements (création, extension et multiplication des peuplements, augmentation des densités de populations humaines) et les évolutions de l’emprise rurale (superficies cultivées et types de cultures) en périphérie du Parc National de Taï (forêt) et du Parc National de la Comoé (savane). En raison de la pression anthropique actuelle et des projections démographiques annoncées dans un contexte de variabilité climatique, il est nécessaire de s’interroger sur le devenir à plus ou moins long terme des aires protégées ivoiriennes. |
La présente synthèse rend compte des traits saillants des études nationales sur les questions suivantes : La compréhension du phénomène cybercriminel et son ampleur dans le pays étudié; l’identification des réponses à la cybercriminalité dans le pays considéré ; l’identification des priorités de recherches sur la cybercriminalité et la sécurité en Afrique. This synthesis reports the salient features of national studies on the following questions: Understanding of the cybercrime phenomenon and its extent in the country studied; identification of responses to cybercrime in the country in question; identifying research priorities on cybercrime and security in Africa. |
La qualité des données démographiques nationales en Afrique revêt quatre dimensions : l’exhaustivité de la couverture, la pertinence des catégories employées dans la collecte des données, la fiabilité des données collectées et la profondeur des données sur une question précise. Cet article étudie particulièrement les deux premières dimensions afin d’examiner pourquoi certaines populations sont sous-énumérées dans différentes modalités de collecte des données nationales. Il utilise des données publiques : les recensements, les DHS (Demographic and Health Surveys) et d’autres enquêtes nationales avec leur documentation, y compris les rapports méthodologiques et les manuels d’enquêteur. Il identifie trois groupes qui sont sous-énumérés ou mal représentés – les vieilles femmes sahéliennes, les pasteurs nomades et les hommes jeunes – et il en interroge les raisons diverses : l’exclusion volontaire, les méthodologies de collecte mal adaptées à la culture locale et les définitions harmonisées. The quality of national demographic data in Africa is based on four factors: the completeness of coverage, the relevance of the data collection categories used, the reliability of the data collected, and how in-depth the data are on a given topic. This article focuses more specifically on the first two factors to examine why certain populations are under-enumerated in different types of national data collection. It draws on publicly available data: census data, demographic and health surveys (DHSs) and other national surveys and their documentation, including methodological reports and enumerator manuals. It identifies three groups that are under-enumerated or poorly represented—elderly women in the Sahel, nomadic pastoralists, and young men—and it examines the reasons for this: voluntary exclusion, data collection methodologies that are poorly adapted to the local culture, and harmonized definitions. |
Les musées, au sens classique, sont souvent des espaces de violence épistémologique. Les musées de l’ère coloniale tendaient notamment à justifier la mainmise européenne. Les musées informels de l’après-colonisation, dans les interstices du tissu urbain, tendent, eux, à casser les rigidités : multipliant astuces et simulations polymorphes, qui contournent l’ordre établi, ils sont par nature instables et éphémères. Le sort des fresques de Papisto Boy à Dakar, dans le bidonville de Bel-Air rasé en 2002, en offre l’exemple. Mais cette réinvention de la ville a contribué à confirmer l’authenticité hybride de Dakar. Museums, taken in the classical sense, are often spaces of epistemological violence. Most notably, museums of the colonial period tended to justify European domination. The informal museums of the post-colonial era, which merged in the interstices of urban life, tended to break down rigidities. By multiplying techniques and polymorphic simulations, which undermined the established order, these interventions are by definition unstable and ephemeral. The frescos by Papisto Boy, which embellished the shantytown of Bel-Air, in Dakar, only to be razed in 2002, are an example of this instability. But this reinvention of the city confirms the hybrid authenticity of the city of Dakar. |
Jossin, A. et K., & T. (2014). Axe 3 : Analyse des phénomènes de violence au regard de l’espace 2013-2014. Revue de de l’IFHA, 6, 6.
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Un certain nombre d'études antérieures ont avancé l'hypothèse que la famille nucléaire de type européen formant un seul groupe résidentiel devient ou est devenue la règle dans les villes africaines. Partant de l'étude approfondie d'une famille sénégalaise urbanisée depuis cinq générations, A. Osmont établit que le groupe de descendance, la famille élargie avec plusieurs unités d'habitation, reste la base principale des relations sociales et économiques dans le milieu urbain d'aujourd'hui. A number of previous studies have advanced the hypothesis that the European-type nuclear family forming a single residential group is becoming or has become the rule in African cities. Starting from the study in depth of a Senegalese family urbanized for nve generations, A. Osmont establishes that the descent group, the extended family with several residential units, remains the main basis of social and economie relationships in today's urban milieu. |
L’axe « Violences urbaines » se consacre à l’historicisation et à la problématisation d’un phénomène qui suscite un vaste intérêt dans un climat de protestations sociales, de terrorisme et d’éruptions de violence individuelle ou collective. Au moyen d’enquêtes historiques ou sociologiques, il vise à faire de la notion de « violences urbaines » un outil d’analyse efficace pour des études systématiques et empiriques. La première partie de cet article présentera le premier de ces projets qui porte sur les phénomènes de violence urbaine dans des quartiers défavorisés à Paris et Berlin, au regard du genre et du rapport à l’espace. La deuxième partie s’attache au second projet qui porte sur les conflits globaux au sein de la ville. Ces deux analyses ont pour point de convergence leur intérêt pour le rôle de la violence dans la production d’espaces sociaux. Ils adoptent une approche comparatiste et spatialisée. The "Urban Violence" axis is devoted to the historicization and problematization of a phenomenon that arouses wide interest in a climate of social protests, terrorism and eruptions of individual or collective violence. By means of historical or sociological surveys, it aims to make the notion of "urban violence" an effective analytical tool for systematic and empirical studies. The first part of this article will present the first of these projects which focuses on the phenomena of urban violence in disadvantaged neighborhoods in Paris and Berlin, with regard to gender and the relationship to space. The second part focuses on the second project which deals with global conflicts within the city. These two analyzes converge on their interest in the role of violence in the production of social spaces. They adopt a comparative and spatialized approach. |
La violence urbaine et criminelle en Afrique subsaharienne est relativement récente et les représentations coloniales de la ville ont pu en influencer l'analyse après la période des indépendances, avec des répercussions importantes sur les politiques pénales. Aujourd'hui, les recherches sur le sujet continuent de buter sur plusieurs écueils, à commencer parle problème des données statistiques peu fiables, la difficulté à distinguer les violences d'ordre politique ou criminel et les poncifs sur la brutalité intrinsèque des Noirs ou des taudis. La « théorie du complot », en particulier, minimise les dynamiques locales et endogènes de la violence urbaine au profit de vagues conspirations mondiales. Le renouvellement des perspectives vient plutôt de ce que, désormais, on n'étudie plus seulement les causes de la violence en ville, mais aussi ses conséquences. Urban and criminal violence in sub-Saharan Africa is relatively recent and colonial representations of the city may have influenced the analysis after the period of independence, with important repercussions on penal policies. Today, research on the subject continues to come up against several pitfalls, starting with the problem of unreliable statistical data, the difficulty in distinguishing political or criminal violence and clichés on the intrinsic brutality of blacks or slums. . In particular, “conspiracy theory” downplays local and endogenous dynamics of urban violence in favor of vague global conspiracies. The renewal of perspectives comes rather from the fact that, from now on, we no longer only study the causes of violence in the city, but also its consequences. |
Cette étude compare deux types de barrage routier mis en place par des entités représentant les professionnels du transport de passagers au Ghana et au Sénégal. Loin de se déployer dans un registre concurrent de celui des autorités légales, la légitimité de chacune de ces formes de barrage repose sur la mise en scène d’une proximité avec l’État, son idéal, sa symbolique et les fonctionnaires qui le représente. La mise en regard de ces deux cas permet cependant d’aller encore plus loin. Au Ghana, cette pratique a longtemps été encadrée par le droit. Au Sénégal, elle est en revanche le produit d’une multitude d’accords informels passés à l’échelle des villes ou des régions. Cette différence a doté l’entité ghanéenne de plus de ressources pour mettre en scène son étaticité, mais l’a aussi rendue plus vulnérable aux évolutions de la conjoncture politique nationale que son homologue sénégalaise. Dans ce cas précis, la forme a priori la plus bricolée d’étaticité est loin d’être la plus fragile. Elle apparaît au contraire comme la plus durable, si ce n’est la plus stable. This study compares two types of roadblocks created by entities representing passenger transport professionals in Ghana and Senegal. Far from competing with the legal authorities, each of these types of roadblock bases their legitimacy on a performance of proximity with the state, its ideal, symbolism and the officials who represent it. By comparing these two cases, however, one may go further. In Ghana, this practice has long been subject to legal supervision. In Senegal, by contrast, it is the result of an array of informal agreements reached at the municipal and regional levels. While this difference confers greater resources upon the Ghanaian entity to stage its proximity with the state, it also makes it more vulnerable than its Senegalese counterpart to changes in the national political conjuncture. In this specific case, what may a priori seem the most fragile performance of the state appears to be the most enduring, if not the most stable. |
L’ouvrage a une approche fortement macro-économique et ne prend que rarement en compte la problématique des petites villes rurales. Il a cependant toute sa place dans ce dossier sur la décentralisation et le financement des collectivités territoriales en Afrique subsaharienne dans la mesure où l’auteur – à partir d’un cadre très solidement étayé – aborde, sous ses diverses facettes, la question de l’accès des villes d’Afrique à des sources de financement et des pistes pour qu’elles puissent faire face à leurs besoins d’investissement. The book has a strong macroeconomic approach and only rarely takes into account the problem of small rural towns. However, it has its place in this dossier on decentralization and the financing of local authorities in sub-Saharan Africa insofar as the author - from a very solidly supported framework - addresses, in its various facets, the question of access of African cities to sources of financing and avenues so that they can meet their investment needs. |
Dans cette contribution qui regroupe six article, nous suggérons, entre autres, des contributions sur la qualité des données, son évolution au cours du temps et le rôle des innovations, notamment les nouvelles technologies ; nous sollicitons des réflexions sur des questions d’économie politique de la quantification, en interrogeant l’émergence potentielle d’une nouvelle forme de gouvernementalité en Afrique ; nous incitons aussi à creuser la sociologie du chiffre sur le continent, à l’instar des travaux à la Desrosières (1993, 2008 et 2014) ou Porter (1995) pour les pays développés. Enfin, et en lien avec le point précédent, nous convoquons le spectre le plus large de disciplines des sciences sociales. C’est donc avec ce prisme étendu que ce dossier vous est présenté. In this contribution which brings together six articles, we suggest, among other things, contributions on data quality, its evolution over time and the role of innovations, in particular new technologies; we invite reflections on questions of political economy of quantification, questioning the potential emergence of a new form of governmentality in Africa; We also encourage further research into the sociology of figures on the continent, following the example of work at Desrosières (1993, 2008 and 2014) or Porter (1995) for developed countries. Finally, and in connection with the previous point, we call on the broadest spectrum of social science disciplines. It is therefore with this extended prism that this dossier is presented to you. |
Présentation éditoriale du deuxième numéro spécial du CEA sur les villes africaines (pas sur «la ville africaine»). Dans ce numéro, l'accent méthodologique est mis sur les microanalyses qui concernent principalement les petits groupes sociaux et les descriptions qualitatives plutôt que quantitatives des pratiques et processus sociaux, aboutissant à trois thèmes principaux: stratégies d'insertion en milieu urbain, actions économiques «informelles»; une tentative provisoire et partielle vers une synthèse plus large des processus de stratification sociale. Editorial presentation of the second special issue of CEA on African towns (not on 'the African town'). In this issue the methodological accent is put on microanalyses concerned mainly with small social groups and qualitative rather than quantitative descriptions of social practices and processes, resulting into three principal themes: strategies of insertion into the urban milieu ;'informal' economy actions; a provisional and partial attempt towards a wider synthesis on social stratification processes. |
Parallèlement à l’expansion urbaine, on observe à un accroissement de la criminalité à Dakar. Or face à une recrudescence de cette délinquance urbaine qui se décline sous diverses formes, les autorités publiques ont laissé apparaitre leur incapacité à y faire face. Ainsi, le sentiment d’insécurité ne cesse de se développer au sein d’une population qui se sent abandonnée. Ce texte cherche à contextualiser l’insécurité urbaine dans la dynamique d’urbanisation de la métropole sénégalaise en interrogeant les mécanismes initiés pour lutter contre le phénomène. In parallel urban development, crimes increase in Dakar. However in opposite this urban delinquency which is declined in various forms increase, the public authorities let appear their incapacity to cope there. The feelings of insecurity develop and, population feels there are abandoned. This text seeks to contextualize the urban insecurity in the urbanization dynamics in the Senegalese metropolis. It’s questioning the mechanisms installed to fight against this phenomenon. |
Diaw, A. (2004). Nouveaux contours de l’espace public en Afrique. Diogène, 2(206), 37–46. https://doi.org/10.3917/dio.206.0037.
Il existe plusieurs Afriques, il n’y a pas une réalité homogène du continent. On peut parler plutôt de territorialités mouvantes. Les interrogations cruciales, dans le questionnement sur les humanismes émergents, ont à voir avec l’exégèse du Politique, et au cœur de celui-ci, la démocratie, la citoyenneté et la gestion de la violence, qui apparaît résolument comme une constante de l’expérience politique en Afrique. Elle fonctionne comme un des idiomes politiques au moment même où la démocratie s’impose comme référence universelle et incontournable. L’État africain semble ne plus pouvoir assurer la sécurité de ses citoyens. Le corps humain devient partie intégrante des territoires où se poursuit le conflit. Ce qui est remis en cause est la souveraineté de l’État, qui ne permet plus la construction symbolique d’un peuple qui transforme l’État en État-nation. Comment alors imaginer un espace d’interaction où les affaires collectives sont mises en discussion ? Le cas de la Côte d’Ivoire, de la réforme du Code de la famille au Sénégal., de la tragédie rwandaise sont examinés. L’auteur veut s’inscrire dans la perspective dégagée par Wiredu, le principe d’impartialité compatissante, qui est le principe sur lequel se fonde et se construit l’universalité morale. There are several Africas, there is not a homogeneous reality of the continent. We can speak rather of shifting territorialities. The crucial questions, in the questioning of emerging humanisms, have to do with the exegesis of Politics, and at the heart of it, democracy, citizenship and the management of violence, which resolutely appears to be a constant of the political experience in Africa. It functions as one of the political idioms at the very moment when democracy is establishing itself as a universal and unavoidable reference. The African state seems to no longer be able to ensure the security of its citizens. The human body becomes an integral part of the territories where the conflict continues. What is called into question is the sovereignty of the state, which no longer allows the symbolic construction of a people which transforms the state into a nation state. How then to imagine a space of interaction where collective affairs are discussed? The case of Côte d'Ivoire, the reform of the Family Code in Senegal, and the Rwandan tragedy are examined. The author wants to fit into the perspective of Wiredu, the principle of compassionate impartiality, which is the principle on which moral universality is based and built. |
L’« idée » de ville risque en permanence en histoire d’être restrictive, c’est-à-dire plus « eurocentrée » qu’il n’y paraît. Car l’« idée » de ville que transmet le chercheur est, s’il n’y prend garde, celle de sa propre civilisation. Cette contribution montre que, contrairement aux idées reçues, non seulement l’idée de ville est ancienne et enracinée en Afrique, mais que, à l’heure actuelle, l’existence même de ces villes qui ne ressemblent pas aux nôtres constitue un défi pour les chercheurs en histoire urbaine, qui devrait les inciter à remettre en cause nombre de concepts reçus jusqu’à présent comme acquis. The "idea" of a city is constantly in danger of being restrictive, that is to say more "Eurocentric" than it seems. Because the "idea" of city that the researcher conveys is, if he is not careful, that of his own civilization. This contribution shows that, contrary to popular belief, not only is the idea of the city ancient and rooted in Africa, but that, at the present time, the very existence of these cities which do not resemble ours constitutes a challenge for researchers in urban history, which should encourage them to question a number of concepts so far taken for granted. |
Le développement récent d'un commerce illicite de médicaments dans les villes africaines conduit à se demander pourquoi une société génère et tolère des pratiques illégales pour résoudre ses problèmes de santé. Une étude de la vente de médicaments sur les marchés de Pikine, banlieue de Dakar, apporte une double réponse. D'une part, les autorités publiques ne sont pas en mesure d'assurer un accès économique aux médicaments pour les citadins pauvres: d'où la multiplication des points de vente illicites où les médicaments sont vendus à un prix inférieur. D'autre part, les réseaux d'approvisionnement et la formation des concessionnaires sont contrôlés par la puissante confrérie muride dont l'étroite relation politique avec les autorités de l'Etat empêche l'intervention officielle. Il en résulte une politique qui, malgré les dénonciations officielles, alterne tolérance passive et répression occasionnelle. The recent development of an illicit trade in medicines in African towns leads to wonder why a society generates and tolerates illegal practices in order to solve its health problems. A study of the sale of medicines on the markets in Pikine, a suburb of Dakar, provides a double answer. On the one hand, the public author-ities are unable to ensure economie access to medicines for the urban poor: hence the multiplication of illicit outlets where drugs are retailed at a lower price. On the other hand, the supply networks and the dealers' training are controlled by the powerful Murid brotherhood whose close political connection with the State authorities hinders officiai intervention. This results in a policy which, in spite of officiai denunciations, alternates passive toleration with casual repression. |
A strange narrative describing in terms of witchcraft and supernatural concepts the metamorphosis into a city-state of a Bete village (mid-western Ivory Coast). A brief definition of some of these concepts, especially that of 'wraith' or 'double', is necessary in order to understand that this narrative, far from betraying an escape into the realm of phantasmatic imagination, does in fact shed a metaphoric light on the underlying dynamics of village life. Objective data relating to rural exodus, back-and-forth movements between town and village, investment in the school System, and strategies of social mobility orientated mainly toward the state apparatus tend to delineate a new reality. The village no longer pertains to rural patterns but rather shows a trend toward dissolution within the attraction spheres of Eburnean society, i.e. towns (chiefly Abidjan) and state. In dreamlike fashion the narrative operates a condensation of facts observable in real life (emigration, school attendance) in a kind of wish-fulfillment which constitutes a privileged approach. |
L’article est basé sur un travail de terrain intermittent, réalisé dans la capitale malienne entre janvier 2010 et janvier 2016. Une partie des données provient de recherches plus larges, entreprises entre 2010 et 2013, sur le cycle de vie et la carrière des fonctionnaires. Les données montrent que l’acquisition d’une maison constitue le degré le plus élevé de réalisation de chaque fonctionnaire et le bilan de son destin particulier. Comme l’a souligné G. Friedman (1960 : 688-689), la maison révèle toute la subjectivité caractéristique du fait d’être des employés d’État. C’est ce désir irrésistible de posséder une maison à tout prix, exprimé par de nombreux nouveaux habitants de Bamako, que cet article tente de comprendre. La perspective proposée par l’auteur ici permet de reprendre les aspects matériels et immatériels décrits par ces auteurs. L’étude se concentre sur les corrélations entre la signification matérielle et symbolique de la maison et les identités de son fondateur (mythe, mémoire, titre, rôle). The article is based on intermittent fieldwork, carried out in the Malian capital between January 2010 and January 2016. Part of the data comes from broader research, undertaken between 2010 and 2013, on the life cycle and career of civil servants . The data shows that buying a home is the highest level of achievement for every public servant and the toll of their particular destiny. As G. Friedman (1960: 688-689) has pointed out, the house reveals all the subjectivity characteristic of being a government employee. It is this overwhelming desire to own a home at any cost, expressed by many new residents of Bamako, that this article attempts to understand. The perspective proposed by the author here makes it possible to take up the material and immaterial aspects described by these authors. The study focuses on the correlations between the material and symbolic meaning of the house and the identities of its founder (myth, memory, title, role). |
Ce numéro porte sur un champ de l’histoire, l’histoire sociale, appliqué à un terrain doublement particulier : la ville et l’Afrique, dont on doit questionner d’emblée la pertinence. La ville africaine existe-t-elle ? Certes non. Des villes en Afrique, oui. Ce numéro ne pourra, à travers quelques exemples, que souligner la diversité des situations et des thématiques tout en mettant en évidence quelques traits communs. Il oblige par conséquent à faire des choix drastiques, aussi bien spatialement que thématiquement, puisque l’histoire sociale recoupe bien des champs de l’histoire (histoire religieuse, histoire des loisirs, histoire du genre, histoire culturelle, histoire économique), ici appréhendés dans un espace spécifique. This issue focuses on a field of history, social history, applied to a doubly specific area: the city and Africa, the relevance of which we must immediately question. Does the African city exist? Of course not. Cities in Africa, yes. This issue can only, through a few examples, highlight the diversity of situations and themes while highlighting some common features. It consequently forces us to make drastic choices, both spatially and thematically, since social history cuts across many fields of history (religious history, history of leisure activities, history of gender, cultural history, economic history), which are understood here. in a specific space. |
L'expérience pratique d'une équipe multidisciplinaire travaillant sur la déstructuration familiale et la formation de groupes dans les villes africaines a conduit à la conclusion qu'une approche anthropologique, plutôt que sociologique, est la mieux adaptée à l'étude d'un certain nombre de situations urbaines. L'anthropologue est cependant confronté à une variété de problèmes méthodologiques, théoriques et pratiques (ainsi qu'éthiques) souvent très différents de ceux rencontrés dans le travail de terrain rural. Cet article tente de définir ces problèmes sans proposer de solution réelle. The practical experience of a multidisciplinary team working on family de-structuration and group formation in African towns has led to the conclusion that an anthropological, rather than sociological, approach is best fitted for the study of a number of urban situations. The anthropologist is, however, confronted with a variety of methodological, theoretical, and practical (as well as ethical) problems often quite different from those encountered in rural field work. This paper is an attempt to define these problems without setting forth any actual solution. |
L’histoire des villes en Afrique est un champ d’étude relativement nouveau, attentif depuis une vingtaine d’années aux influences de l’urbanisation sur les pratiques sociales et culturelles africaines et à la manière dont les Africains ont façonné les villes. La multiplication des études de cas au contenu fort variable témoigne de ce nouvel intérêt. Cependant, le bilan historiographique des recherches sur l’Afrique de l’Ouest apparaît en demi-teinte. D’un côté, l’histoire urbaine a accéléré le renouvellement de l’histoire sociale, politique et même culturelle en faisant surgir des acteurs, des pratiques et des institutions inconnus il y a trente ans. De l’autre, elle reste largement imperméable à la longue durée comme aux thèmes très contemporains de la consultance internationale. La perspective monographique demeure le cadre normatif de la production historique si bien qu’il n’existe toujours pas de synthèse sur l’Afrique de l’Ouest malgré une tradition urbaine pluri séculaire unique en Afrique subsaharienne. History of cities in Africa is a recent field of research which interrogates – for now two decades – the ways in which Africans shaped the patterns of urbanisation and how urbanisation influenced African social and cultural practices. The development of numerous case studies – of unequal quality – testifies this new interest for African cities. However, an overview of the literature on West Africa is not totally satisfactory. On the one hand, urban history has accelerated the renewal of social, political and even cultural history focusing on urban actors, practises and institutions totally unknown thirty years ago. On the other hand, urban history has not really taken into consideration long term periods as well as contemporary topics of international consultancy agencies. A narrowed analysis centred on a specific city is still a major way to write urban history in Africa. Consequently, a West African urban history has not yet been produced despite evidence of remote traditions of urban settlement in this area unique in sub-Saharan Africa. |
La théorie de la marginalité en milieu urbain du Tiers-Monde a particulièrement investi les domaines écologiques et économiques, elle y a associé fréquemment Je risque de dangerosité criminelle. Les problèmes de squatting et du secteur informel ont donné lieu à des politiques urbaines ambiguës qui traduisent les contradictions des types de société dans lesquelles ils surgissent. L’analyse phénoménologique et ethnographique conduit à une approche différentielle des types d’adaptation à la pauvreté. Le squatting apparait comme un ensemble de modes d’appropriation de l’espace urbain fonctionnels et rationnels dans le cadre desquels peuvent éclore des formes d’organisation sociale susceptibles d'apporter des solutions aux problèmes des habitants. The theory of marginality in urban areas of the Third World has particularly invested in ecological and economic fields, it has frequently associated with it the risk of criminal dangerousness. The problems of squatting and the informal sector have given rise to ambiguous urban policies which reflect the contradictions of the types of society in which they arise. The phenomenological and ethnographic analysis leads to a differential approach to the types of adaptation to poverty. Squatting appears as a set of functional and rational modes of appropriation of urban space within the framework of which forms of social organization can emerge that can provide solutions to the problems of residents. |
Dans les pays du Sud, l’urbanisme néolibéral est le plus généralement soustendu par la volonté de faire émerger un marché foncier urbain et par la théorie de l’avantage comparatif. Tandis que les travaux sur les dynamiques de propriété et de citoyenneté ont surtout analysé le premier principe, cet article cherche à établir comment la théorie de l’avantage comparatif a été mise en œuvre dans trois petites villes du Ghana et du Burkina Faso qui occupent une position significative dans la géographie des flux économiques qui façonnent l’Afrique. Deux d’entre elles sont intégrées dans des réseaux établis à l’échelle du globe, la troisième apparaît relativement en marge des dynamiques globales. L’argument développé dans le texte conduit à opérer deux autres déplacements par rapport aux travaux sur la propriété et la citoyenneté : d’abord, en nuançant le paysage urbain pour faire droit à la spécificité intrinsèque des petites villes, ensuite, en élargissant la notion de propriété. Alors que les recherches en milieu urbain étudient le plus souvent les dynamiques de propriété dans la ville, l’article se centre sur une question négligée, celle qui a trait à la propriété de la ville elle-même. In the global South, neoliberal urbanism is generally underpinned by two principles: supporting the emergence of urban land markets, and the theory of comparative advantage. While most research into property and citizenship has focused on the first of these, this paper looks at the implementation of comparative advantage theory in three small cities in Ghana and Burkina Faso that occupy a significant position in the geography of economic flows currently shaping Africa. Two are embedded in global networks, while the third is located at the margins of global dynamics. The argument developed in the paper suggests a move away from classical work on property and citizenship in two other ways: firstly, by qualifying urban landscape and highlighting the specificity of small cities, and, secondly, by broadening the notion of property—whereas most researches study the dynamics of property in the city, the article focuses on a neglected issue, the ownership of the city itself. |
Pourquoi et comment les travailleurs des villes africaines prennent-ils conscience de leur position de classe ? Le développement d'une classe ouvrière urbaine est lié à des circonstances politiques et économiques spécifiques, coloniales et post-coloniales, concernant la main-d'œuvre, ainsi qu'à l'inégale pénétration du capitalisme. De telles conditions déterminent à la fois la conscience politique de classe et l'action — ou l'inaction — de la classe ouvrière, qui vont du soutien aux relations de clientèle au réformisme ou à la recherche militante de transformations radicales. Celle-ci, notamment, est fonction du niveau d'éducation et des efforts syndicaux autant que d'une réaction à l'exploitation et à la répression. Comment cette prise de conscience politique va-t-elle se développer ? Alors que son évolution vers la radica-lisation, c'est-à-dire la lutte de classe, est lente et ambiguë, les travailleurs urbains et ruraux ont à faire face à ces questions : qui sont les ennemis — et les alliés —- de classe ? Quelles alliances rechercher ? « Que faire ? » Comment réagir à l'exploitation ? La conscience de classe doit rejeter le chauvinisme ethnique (mais non la conscience d'une tradition culturelle) et la concurrence, dans la mesure où cette conscience s'enracine dans le contexte historique du changement des modes de production, de l'appropriation des ressources, et de la solidarité d'un mouvement syndical militant. Le tout relève de la question plus générale de savoir quel genre de système de classes existe déjà en Afrique et dans le reste du tiers monde. Why and how do workers in African cities realize their class position? The development of an urban working class is linked to specific political and economic circumstances, colonial and post-colonial, concerning the workforce, as well as the unequal penetration of capitalism. Such conditions determine both class political consciousness and the action - or inaction - of the working class, which range from customer relations support to reformism or the militant search for radical transformations. This, in particular, is a function of the level of education and union efforts as much as of a reaction to exploitation and repression. How is this political awareness going to develop? While its evolution towards radicalization, that is, the class struggle, is slow and ambiguous, urban and rural workers have to face these questions: who are the enemies - and the allies --- class? What alliances to look for? " What to do ? »How to react to exploitation? Class consciousness must reject ethnic chauvinism (but not the consciousness of a cultural tradition) and competition, insofar as this consciousness is rooted in the historical context of the change in modes of production, of the appropriation of resources. , and the solidarity of a militant trade union movement. It all comes down to the more general question of what kind of class system already exists in Africa and the rest of the Third World. |
Le manque d’autonomisation et la pauvreté dans laquelle vivent les femmes et les filles restent des facteurs qui perpétuent les violences au sein de la société. L’objet de cette étude est d’analyser les perceptions des populations sur les violences faites aux femmes et aux filles au Sénégal. Une étude analytique qualitative a été menée, du 10 avril au 9 mai 2017, sur l’ensemble des 11 régions du Sénégal disposant d’un tribunal de grande instance (TGI). Les participants étaient représentés par les victimes au nombre de 86, 11 procureurs des TGI, 23 chefs de services des urgences et 23 chefs de services gynécologiques. Des entretiens individuels ont été effectués. L’analyse du contenu étayée par une analyse thématique a été menée avec le logiciel Iramuteq. The lack of empowerment and the poverty in which women and girls live are factors that perpetuate violence in society. The purpose of this study is to analyze people’s perceptions of violence against women and girls in Senegal. A qualitative analytical study was conducted from April 10 to May 9, 2017 on all 11 regions of Senegal with a High Court (HC). The populations were represented by 86 victims, 11 HC prosecutors, 23 chiefs of emergency services and 23 heads of gynecological services. Individual interviews were conducted. Content analysis supported by a thematic analysis was conducted with Iramuteq software. |
L'étude des migrations et des établissements urbains des personnes nées à la campagne en Afrique est entravée par l'insuffisance de concepts habituels tels que celui de résidence. Avant la mise en œuvre d'enquêtes à grande échelle, il est nécessaire de mieux comprendre le phénomène grâce à une enquête approfondie sur les petites unités sociales et spatiales. Le recueil de récits de vie à Accra et Lomé a permis d'approfondir la notion d'espace de vie et de système résidentiel afin de mieux rendre compte de la situation des nouveaux citadins. The study of the migrations and urban settlements of country-born people in Africa is impeded by the inadequateness of such usual concepts as that of residence. Before the implementation of large scale enquiries, it is necessary to secure a better understanding of the phenomenon through a thorough investigation of small social and spatial units. The collection of life-stories in Accra and Lome has allowed to deepen the notion of life space and residential System in order to give a better account of the situation of new town-dwellers. |
L’insécurité en Côte d’Ivoire est stable. Les actions et missions de la police ne suffisent pas pour la réguler. Il est possible de compléter celles-ci par la stratégie de la prévention situationnelle « intégrée ». Celle-ci porte sur huit points complémentaires : 1- Analyse des problèmes criminels ; 2- Intégration de la technologie de sécurité ; 3- Surveillance continue de précision ; 4- Restauration de sites à risques ; 5- Police de proximité anticipatrice ; 6- Actions coordonnées des régulateurs ; 7- Modification de l’attitude des victimes potentielles ; 8- Evaluation et adaptation des actions. Insecurity in Ivory Coast is stable. Acts and assignments of police are not enough to decline it. It is possible to complete these by the strategy of “integrative” situational prevention. These are supported by eight complementary degrees: 1- Analysis of criminals problems; 2- Integration of security technology; 3- Precision in uninterrupted supervision; 4- Restoration of risks situations; 5- Proximity police for anticipation; 6- Regulator co-ordination acts; 7- Modification of potential victims attitudes; 8- Valuation and adaptation acts. |
La confrérie muride qui était au départ une organisation purement rurale s'est répandue dans les villes sénégalaises surtout après l'indépendance. Sa structure agraire traditionnelle, le daara, en charge du «champ du mercredi» cultivé au profit du marabout, n'a pas pu être transplanté avec succès dans le contexte urbain. Au lieu de l'unité religieuse, économique et résidentielle des villages murides, la ville était caractérisée par une économie non agricole, une diversité d'origines ethniques et de statut social, et la dispersion spatiale des fidèles, qui ne pouvaient plus offrir de cadeaux à leurs dirigeants. en nature (produire). Dahira développé comme une réponse adaptatives à ces problèmes: dans le nouveau contexte urbain, il a pris les fonctions du daara rural, en supposant les mêmes finalités (en particulier dans Ternis du marabout) relation de taalibe) à travers différents moyens. The murid brotherhood which was at first a purely rural organization has spread into the Senegalese towns especially after Independence. Its traditional agrarian structure, the daara, in charge of the 'Wednesday field' cultivated for the marabout's benefit, could not be successfully transplanted into the urban context. Instead of the religious, economie and residential unity of the murid villages, the city was characterized by a non agricultural economy, a diversity of ethnie origins and social status, and the spatial dispersion of the faithful, who could no longer provide their leaders with gifts in kind (produce). The dahira developed as an adaptative answer to these problems: in the new urban setting, it has taken over the functions of the rural daara, assuming the same finalities (especially in ternis of the marabout) taalibe relationship) through different ways and means. |
Considérée d'un point de vue macro-sociologique, la marginalité, dans les villes du tiers monde, est le produit d'un processus continu de prolétarisation. Ce processus affecte les formations sociales dominées, dans le cadre du capitalisme international. Alors que la paupérisation les éloigne de la campagne, un nombre croissant de paysans affluent vers les métropoles qui ne parviennent pas à les accueillir en raison de la faiblesse et de l'orientation extérieure du secteur industriel et commercial moderne. Ils s'installent dans la marginalité spatiale des banlieues et dans la marginalité économique du soi-disant «secteur informel» où ils deviennent «l'armée de réserve de l'industrie». Cependant, des recherches récentes dans les villes africaines montrent que la diversité des situations urbaines et des statuts socio-économiques relève d'un certain nombre de déterminants concrets et exige une approche typologique plus fine. Néanmoins, le caractère hétérogène du secteur marginal - ou «informel» - ne signifie pas qu'il échappe à la détermination capitaliste. Une analyse dynamique de la marginalité en tant que processus étaye l'hypothèse qu'il s'agit en fait d'une modalité de la relation capital / travail. La marginalité est un produit du capitalisme concourant à sa reproduction élargie. La domination du secteur moderne sur le secteur informel explique comment les relations de production sont en réalité exploitantes, même si elles le sont secrètement. Cette domination implique un processus de prolétarisation et de sous-prolétarisation des marginaux. Considered from a macro-sociological viewpoint marginality, in Third World cities, is the product of a continuous process of proletarianization. This process affects the dominated social formations, within the framework of international capitalism. As pauperisation drives them away from the countryside, growing numbers of peasants flock into the metropolises which fail to accomodate them due to the weakness and outside-orientation of the modem industrial and commercial sector. They settle down in the spatial marginality of the suburbs and the economie marginality of the so-called 'informai sector' where they become the 'reserve army of the industry'. However recent investigations in African towns show that the diversity of urban situations and socio-economic statuses pertains to a number of concrete determinants and demands a finer typological approach. Nevertheless the heterogeneous character of the marginal — or 'informai' —sector does not mean it escapes from capitalistic determination. A dynamic analysis of marginality as a process supports the assumption that it is in fact a modality of the capital/ labour relationship. Marginality is a product of capitalism concurring in its widened reproduction. The domination of the modem sector upon the informai one explains how the production relationships are actually exploitative, even if covertly so. This domination implies a process of proletarianization and underproletarian-ization of the margin people. |
Cet article examine la pluralité et l’épaisseur des relations sociales en milieu urbain telles qu’elles se déploient dans les champs de la propriété et de la citoyenneté et telles qu’elles s’y articulent. Peu de choses sont plus fondamentales dans la vie sociale et politique que ce que nous avons et qui nous sommes : avoir et être. Or, la propriété et la citoyenneté, au sens large, sont sans doute les manifestations les plus évidentes et les plus familières de ces dimensions essentielles. Elles sont, en outre, l’une et l’autre étroitement liées : les prétentions à la propriété sont en partie définies par l’identité sociale et la visibilité politique des personnes, et les revendications de citoyenneté sont quant à elles en partie arbitrées au travers des droits de propriété sur la terre et des revendications à un lieu de vie. L’article suggère que ce lien dynamique constitue un point d’entrée analytique fort enrichissant pour l’étude du pouvoir dans n’importe quelle société. This article examines the plurality and depth of social relations in urban settings as they unfold in the fields of property and citizenship and as they are articulated there. Few things are more fundamental in social and political life than what we have and who we are: to have and to be. However, property and citizenship, in the broad sense, are arguably the most obvious and familiar manifestations of these essential dimensions. They are, moreover, both closely linked: claims to property are in part defined by the social identity and political visibility of individuals, and claims to citizenship are in part arbitrated by through property rights over land and claims to a place to live. The article suggests that this dynamic link provides a very enriching analytical entry point for the study of power in any society. |
La réalité du transport urbain de personnes à Dakar obéit à la loi d’un marchéþdérégulé : face à une demande de mobilité urbaine croissante, une offre plurielle s’invente. Dans un contexte où l’écroulement du service public de transport de personnes est patent, la consolidation du transport privé artisanal à Dakar constitue un potentiel de captage économique important, fruit de négociations quotidiennes entre professionnels, agents de l’État et usagers. L’étude du système de transport par les lieux où il est produit amène à en comprendre les grandes logiques. Leur déploiement à l’échelle de l’agglomération et la multiplicité des acteurs et d’intérêts économiques dérivés du transport de personnes rendent leur observation intéressante. L’émergence d’espaces publics, devenus les points majeurs du réseau de transport collectif privé, résulte de choix de la part des professionnels ou de demandes formulées par des citadins. Espaces stratégiques dans leurs fonctions d’articulation du réseau urbain de desserte, ces lieux ont aussi leur figure emblématique, les coxeurs ou rabatteurs. La création d’un système d’information géographique sur les lieux de transport permet d’analyser, non seulement, la vitalité du secteur privé du transport, mais aussi la répartition géographique de l’offre ainsi que les inégalités socio-spatiales du transport en cours d’accentuation dans l’agglomération. The situation of city passenger transport in Dakar is a strong reflection of the law of a deregulated market. In the face of growing demand for urban mobility, a diverse supply is emerging and evolving. The public passenger transport system is in an obvious state of collapse. In this context, consolidation of transport services offered by small-scale private operators in Dakar represents a sizeable potential for economic gain, the fruit of daily negotiations between professionals, State agents and and transport users. Study of the transport system by examining the places where it is generated helps understand the governing principles. Their deployment over the whole of the city and its suburbs and the multiplicity of the people involved and economic interests derived from passenger transport makes it worthwhile to observe them. The emergence of public places, which have become major points in the private-sector mass-transport network, results from the decisions made by the professional operators or from the various demands expressed by their urban users. These places, strategic spaces in their role as links in the city service network, also have their emblematic figures, the coxeurs or touts. The setting-up of a geographical information system at transport points allows analysis not only of the vitality of the private transport sector, but also the geographical distribution of the supply and social and spatial inequality of access to transport that is deepening in the Dakar agglomeration. |
La géographie urbaine est un sous-champ de la géographie beaucoup plus développé et plus précoce qu'il n'est généralement admis. Avant la période qui paraît être fondatrice, celle des manuels des années cinquante et de l'expansion de recherches spécialisées en géographie humaine, on peut distinguer plusieurs moments où les géographes français s'intéressent vivement à la ville : la période allant de la fin du XIX e siècle aux années dix, marquée par des travaux peu nombreux mais par un certain éclectisme, puis les années vingt, qui prolongent les recherches d'avant-guerre dans le contact avec l'action urbanistique naissante et avec les premières esquisses de régionalisation, enfin les années trente, où la géographie urbaine s'affirme partout sensiblement, notamment au niveau international. Si la monographie de ville et l'analogie organiciste dominent, ce genre n'est qu'un aspect des recherches. L'auteure retrace une évolution générale contradictoire, pour partie responsable de la faible visibilité du champ aujourd'hui : d'un côté le renforcement d'un projet strictement disciplinaire au cours du demi-siècle, mais dans un certain éclatement des problématiques implicites et sans réel travail de construction conceptuelle, de l'autre une extrême sensibilité à l'actualité de la ville, qui ne se confond d'ailleurs pas avec un rythme d'urbanisation mais se calque sur le « problème » ou la « question » urbaine. Urban geography is a sub-branch of geography that is much more highly developed and more advanced than is usually acknowledged. Before the period that appears to have been foundational, the time of the manuals of the fifties and the expansion of specialised research in human geography, we can make out several moments when French geographers showed a lively interest in cities: the period from the end of the nineteenth century to the 1910's, marked by a number of projects that were limited, but eclectic, then the twenties, in which urban geography was becoming visibly established everywhere, notably at the international level. Although the monograph of the city and the organicistic analogy were dominant, this genre was only one aspect of the research undertaken. The author retraces a contradictory general development, which is responsible in part for the weak representation of this branch today: on the one hand the reinforcement over half a century of a strictly disciplinary project, but within a certain explosion of the implicit problematics, and lacking in a real work of conceptual construction, and on the other, an extreme sensitivity to the current relevance of the city, which, we might add, does not coincide with a rhythm of urbanisation, but is modeled on the urban “problem” or “question.” |
Parmi les facteurs contribuant à la croissance de la délinquance juvénile en Afrique de l'Ouest, l'urbanisation et le passage d'un mode de vie traditionnel à un mode de vie urbain jouent un rôle essentiel. La première partie de cet article montre pourquoi la délinquance est un phénomène essentiellement urbain et comment la ville en soi peut être considérée comme une source de criminalité. Les exemples très contrastés du Niger et du Nigéria, aux extrémités opposées du spectre de l'urbanisation, révèlent le fonctionnement des processus qui contribuent à l'aggravation des déséquilibres et des dysfonctionnements dans un contexte de croissance urbaine incontrôlée. Dans les deux pays, malgré leurs caractéristiques différentes, il semble que la délinquance juvénile urbaine soit principalement le résultat d'une situation anomique issue de la perturbation de la vie familiale et communautaire traditionnelle. Among the factors contributing to the growth of juvenile delinquency in West Africa, urbanization and the change from a traditional to an urban way of life play an essential role. The first part of this paper shows why delinquency is a primarily urban phenomenon and how the city per se can be considered as crime-generating. The sharply contrasted examples of Niger and Nigeria, at the opposite ends of the urbanization spectrum, reveal the operation of the processes which contribute to the worsening of unbalance and dysfunction in a context of uncontrolled urban growth. In both countries, in spite of their different characteristics, it seems that urban juvenile delinquency is chiefly the resuit of an anomic situation stemming from the disruption of traditional family and community life. |
Très faiblement pourvue en villes jusqu’à la première moitié du XXe siècle, l’Afrique sudsaharienne connaît depuis quatre décennies les taux de croissance urbaine les plus élevés du monde. Au-delà des graves crises dont le continent est familier, cette véritable « transition urbaine » – qui ne se fait pas aux mêmes rythmes partout – traduit une adoption spectaculaire et générale de la ville par les sociétés africaines. Loin d’être le réceptacle de toutes les misères, la ville est une opportunité saisie dans le cadre de stratégies, notamment familiales, qui jouent également sur d’autres lieux. Un exemple de fonctionnement de la ville est pris dans la question foncière. Mais les difficultés les plus grandes sont d’ordre gestionnaire, du fait de l’ampleur des besoins et de la modicité des ressources. Le défi est immense, pour des acteurs désormais multiples et non plus limités au seul État. L’apprentissage de la ville continue, donnant naissance à des processus d’invention, prometteurs malgré les immenses difficultés. Sub-Saharan Africa had few towns until the first half of the twentieth century, but for the last forty years it has had the highest urban growth rate in the world. Over and above the serious crises the continent has had to face, this major shift to urbanisation, which has occurred more or less rapidly from place to place, reflects the general and spectacular adoption of the town by African societies. Far from being the repository of poverty of all kinds, cities offer numerous opportunities for social strategies, especially for families, who also employ them elsewhere. The example of land tenure illustrates well the way cities work. The biggest problems are those of management, simply because needs are so great and resources are so modest. The challenge is tremendous not just for the State but for all those additional urban players who make an impact on the urban landscape today. Experiencing the town is an ongoing process, giving rise to a spirit of inventiveness, which holds out real promise despite huge difficulties. |
L'évolution des inégalités sexuées ne s'analyse pas de la même façon selon les sphères de la société où elles se manifestent. Cette évolution différentielle pose la question de l'articulation entre rapports de sexes et autres rapports sociaux, notamment de classe, c'est-à-dire de la manière dont peuvent se compenser ou se cumuler handicaps ou ressources des individus dans une certaine configuration sociale. Quelle est la place du féminin dans nos sociétés et quelle est la visibilité sociale des femmes ? The evolution of gender inequalities cannot be analyzed in the same way according to the spheres of society in which they occur. This differential evolution raises the question of the articulation between gender relations and other social relations, particularly of class, that is to say of the way in which the handicaps or resources of individuals can be compensated or accumulated in a certain social configuration. . What is the place of the feminine in our societies and what is the social visibility of women? |
Les personnes rencontrant des difficultés d’insertion professionnelle, les habitants des quartiers en difficulté sont invités à élaborer des projets individuels ou à participer à des projets collectifs. Cette contribution revient sur le possible contresens d’une telle demande. Il est proposé de reconsidérer le rapport que ces personnes, comme les institutions à l’origine de cette demande, entretiennent au temps. Dans une perspective pragmatiste, la participation active des personnes ne peut avoir lieu sans un réinvestissement de l’avenir qui suppose lui-même de nouvelles modalités de constitution du public. People experiencing difficulties of insertion, the inhabitants of districts in difficulty are invited to elaborate individual projects or to participate in collective projects. This contribution goes back to the possible contradiction of such a demand. It is proposed to reconsider the relationship that these individuals, as well as the institutions at the origin of this request, maintain at the time. From a pragmatist perspective, the active participation of people can not take place without a reinvestment of the future which itself implies new ways of building the public. |
Ce travail cherche à identifier les jeunes dans et de la rue, à les localiser et à connaître leur parcours et leur vécu dans cet espace, à cerner les contours et les dimensions de leur culture et à étudier les rapports de celle-ci avec la violence, et à faire enfin une évaluation des actions de prise en charge de la jeunesse marginalisée (jeunes dans et de la rue, jeunes délinquants) en Côte d’Ivoire. This work seeks to identify young people in and on the street, to locate them and to know their journey and their experience in this space, to identify the contours and dimensions of their culture and to study the relationship of this with violence. , and finally to carry out an evaluation of actions taken in charge of marginalized youth (young people in and on the street, young delinquents) in Côte d'Ivoire. |
La ville et les villes sont terrain d’étude majeur pour l’ensemble des sciences sociales. La géographie y est particulièrement présente, mais confrontée et/ou associée à d’autres. En effet, depuis le milieu du XXe siècle, un véritable champ des études urbaines s’est progressivement constitué où se croisent questionnements, points de vue, analyses, parfois formulations théoriques et souvent recommandations. La constitution de ce champ partagé des études urbaines a progressivement abaissé les barrières interdisciplinaires, instauré un dialogue particulièrement constructif entre disciplines sur cet objet commun. Dans ce jeu inter- ou pluri-disciplinaire, la confrontation avec d’autres regards a souvent permis de clarifier ce qui relève de points de vue communs et ce qui renvoie à des approches plus spécifiques et donc complémentaires. Sans ignorer l’ensemble de ces approches, le cadre limité du chapitre renvoie plus particulièrement aux dimensions spécifiques de l’approche géographique des villes, comme en témoigne l’intitulé « Les villes : entre réseaux et territoires ». Towns and cities are major fields of study for all the social sciences. Geography is particularly present there, but confronted and / or associated with others. Indeed, since the mid-twentieth century, a real field of urban studies has gradually been formed where questions, points of view, analyzes, sometimes theoretical formulations and often recommendations intersect. The constitution of this shared field of urban studies has gradually lowered interdisciplinary barriers, established a particularly constructive dialogue between disciplines on this common object. In this inter- or multi-disciplinary game, the confrontation with other perspectives has often made it possible to clarify what comes from common points of view and what refers to more specific and therefore complementary approaches. Without ignoring all of these approaches, the limited scope of the chapter refers more particularly to the specific dimensions of the geographical approach to cities, as evidenced by the title "Cities: between networks and territories". |
Centre International de Prévention de la Criminalité (CIPC, 2011). Practical approaches to urban crime prevention. (n.d.). CIPC.
Ce rapport est issu de l'atelier sur les approches pratiques de la prévention de la criminalité urbaine, qui a eu lieu le 14 avril 2010 à Salvador, Brésil. Les actes de l'atelier capturent ces expériences et aident à faire avancer les débats et la pratique de la prévention du crime dans divers contextes urbains à travers des villes de différentes régions du monde. Il a également discuté des réponses à l'exclusion sociale et de la migration et des outils pour soutenir la prévention du crime. Plus important encore, il a présenté des exemples concrets de la manière dont la collaboration entre les urbanistes, la société civile, les représentants du gouvernement et différents types de police peut aider à prévenir la criminalité. This report is issued from the Workshop on practical approaches to urban crime prevention, which took place on April 14th , 2010 in Salvador, Brazil. The Proceedings of the Workshop capture these experiences and help to move forward the debates and practice of crime prevention in varying urban contexts across cities in different regions of the world. It also discussed responses to social exclusion and migration and tools to support crime prevention. Most important, it presented concrete examples of how collaboration between urban planners, civil society, government officials, and different types of police can help to prevent crime. |
Centre International de Prévention de la Criminalité (CIPC, 2006). La gestion des espaces urbains : éléments clés pour une approche intégrée de la sécurité des collectivités. (n.d.). CIPC.
Dans cette contribution qui regroupe six article, nous suggérons, entre autres, des contributions sur la qualité des données, son évolution au cours du temps et le rôle des innovations, notamment les nouvelles technologies ; nous sollicitons des réflexions sur des questions d’économie politique de la quantification, en interrogeant l’émergence potentielle d’une nouvelle forme de gouvernementalité en Afrique ; nous incitons aussi à creuser la sociologie du chiffre sur le continent, à l’instar des travaux à la Desrosières (1993, 2008 et 2014) ou Porter (1995) pour les pays développés. Enfin, et en lien avec le point précédent, nous convoquons le spectre le plus large de disciplines des sciences sociales. C’est donc avec ce prisme étendu que ce dossier vous est présenté. In this contribution which brings together six articles, we suggest, among other things, contributions on data quality, its evolution over time and the role of innovations, in particular new technologies; we invite reflections on questions of political economy of quantification, questioning the potential emergence of a new form of governmentality in Africa; We also encourage further research into the sociology of figures on the continent, following the example of work at Desrosières (1993, 2008 and 2014) or Porter (1995) for developed countries. Finally, and in connection with the previous point, we call on the broadest spectrum of social science disciplines. It is therefore with this extended prism that this dossier is presented to you. |
Sur la base d'une triple taxonomie de la violence, ancrée dans la littérature existante, trois villes exemplaires ont été choisies et analysées. Ces villes sont Nairobi, Kinshasa et Bogota, qui caractérisent respectivement la violence économique, politique et sociale. En plus de la production d'un cadre, l'analyse démontre comment l'interaction entre les facteurs de risque crée des processus menant à des résultats violents. En guise de conclusion politique, étant donné que les processus sont le résultat de cette interaction et qu'ils sont difficiles à influencer ou à changer en eux-mêmes et par eux-mêmes, il est suggéré de se concentrer sur les facteurs de risque prédominants afin d'atténuer la violence urbaine. Based upon a threefold taxonomy of violence, rooted in existing literature, three exemplary cities were chosen and analysed. These cities are Nairobi, Kinshasa, and Bogota, which respectively typify economic, political, and social violence. In addition to the production of a framework, the analysis demonstrates how the interaction between risk factors creates processes leading to violent outcomes. As a policy conclusion, given that processes are the result of this interaction and that they are difficult to influence or change in and of themselves, a focus on prevailing risk factors is suggested in order to mitigate urban violence. |
Dans le cadre du programme de recherche trisannuel « Hybrid Security Governance in Africa (HSG), soutenu par le CRDI (Centre de recherche pour le développement international) du gouvernement canadien, Eboe Hutchful, Robin Luckham et Niagalé Bagayoko ont développé une réflexion à la fois théorique et empirique, articulée autour du concept « d’hybridité », utilisé afin de saisir la coexistence de différents systèmes de régulation et de gouvernance, d’ordre formel et informel, dans le champ de la sécurité africaine. In the context of the three-year “Hybrid Security Governance in Africa” (HSG) research programme funded by the Canadian International Development Research Centre (IDRC), Eboe Hutchful, Robin Luckham and Niagalé Bagayoko forged an interpretation that is both theoretical and empirical, articulated around the concept of “hybridity” which they have applied to understand the coexistence of different formal and informal systems of regulation and governance in the field of African security. |
Depuis la fin des années 90, de nouvelles formes de violence ont accompagné la transformation de la société ivoirienne. L’on peut craindre que cette violence se nourrisse encore des conséquences des inégalités secrétées par les politiques de croissance en cours. En plus d’explorer les défis liés à gouvernance urbaine, l’objectif de ce programme pluridisciplinaire de recherches est de comprendre l’évolution des formes, des causes et des acteurs de la violence et de leurs logiques, ainsi que des stratégies de résilience des populations défavorisées. Une équipe de chercheurs et d’étudiants des Universités Alassane Ouattara de Bouaké et Houphouet Boigny d’Abidjan a été mobilisée pour faire des recherches dans trois villes du pays. Il en ressort que l’approfondissement de la pauvreté et la marginalité sociale favorisent un écosystème social et géo-localisé de la criminalité juvénile. Since the end of the 1990s, new forms of violence have accompanied the transformation of Ivorian society. It is feared that this violence will still feed on the consequences of the inequalities secreted by current growth policies. In addition to exploring the challenges related to urban governance, the objective of this multidisciplinary research program is to understand the evolution of forms, causes and actors of violence and their logics, as well as strategies for resilience of disadvantaged populations. A team of researchers and students from Alassane Ouattara Universities in Bouaké and Houphouet Boigny in Abidjan was mobilized to do research in three cities in the country. It shows that the deepening of poverty and social marginality promote a social and geo-localized ecosystem of juvenile crime. |
Garçons et filles des rues dans la ville africaine. Diversité et dynamique des marginalités juvéniles à Abidjan, Nairobi, Antananarivo. (Groupe de Recherche et d’Échanges sur les Jeunesses Marginalisées en Afrique et dans le Monde (GREJEM, 2003), p. 289). (2003). EHESS.
Ce rapport s’intéresse aux vrais enfants de la rue que cette recherche collective s'est intéressée en priorité. Mais pas exclusivement, car l'observation simultanée d'autres formes de marginalité apporte de riches informations. Certaines de nos recherches se sont ainsi attachées à des groupes d'enfants "dans" la rue, en particulier au cas des filles, en général très peu connues. C'est pourquoi on a réuni cet ensemble d'études sous le titre plus global d'enfants "des" rues. This report focuses on the real street children that this collective research focused on as a priority. But not exclusively, because the simultaneous observation of other forms of marginality provides rich information. Some of our research has thus focused on groups of children "in" the street, in particular girls, who are generally very little known. This is why this set of studies has been brought together under the more general title of "street" children. |
Comment prévenir le crime? Qu’est-ce que la cybersécurité? Comment gérer les crises et les mesures d’urgence? Ce traité contient tout ce que les praticiens et les étudiants doivent savoir sur la sécurité. « L’activité de sécurité inclut tous les moyens propres à résorber l’insécurité et à réduire le nombre ou la gravité des crimes, des délits, des conflits, des accidents et des crises, peut-on lire en introduction. Les spécialistes de la sécurité préviennent, surveillent, dissuadent, mettent en place des mesures d’urgence et rétablissent l’ordre. ». Cette édition réunit une équipe de rédacteurs provenant du Québec, de la France, de la Suisse et de la Belgique à travers une vingtaine de chapitres inédits. How to prevent crime? What is cybersecurity? How to deal with crises and emergency measures? This treatise contains everything practitioners and students need to know about security. "Security activity includes all the means to reduce insecurity and reduce the number or gravity of crimes, misdemeanors, conflicts, accidents and crises," we read in the introduction. Security specialists warn, monitor, deter, take emergency measures and restore order. ". This edition brings together a team of writers from Quebec, France, Switzerland and Belgium through some twenty unpublished chapters. |
Pour comprendre les rapports que les délinquants entretiennent avec l'espace urbain, trois types de territoires devraient être distingués: 1- le sanctuaire qui est le secteur dans lequel vivent les délinquants et dans lequel ils voudront assurer leur sécurité contre les interférences policières ou autres ; 2- le terrain de chasse, c'est-à-dire les portions de l'espace urbain dans lesquels les voleurs ont les meilleures chances de trouver des cibles intéressantes et ; 3- les marchés de plaisirs qui sont les lieux vers lesquels les délinquants convergent pour acheter et vendre des biens, services ou substances illicites et qu'ils fréquentent pour passer leurs loisirs en agréable compagnie. In order to understand the links that offenders maintain with urban spaces, three types of territories are distinguished: 1- the sanctuary within which the offenders reside and seclude themselves; 2- the hunting ground which is the portion of urban spaces within which thieves have higher likelihood's of finding interesting targets; 3- the pleasure markets within which offenders buy and sell their illicit goods and services and where they pass time in good company. |
Pedrazzini, Y. (2005). La violence des villes. Enjeux Planète.
Au Nord comme au Sud, nous aimons les grandes villes, mais nous n’en aimons pas la violence. Un exercice à la mode est d’en attribuer les causes aux habitants les plus pauvres, puis d’adopter, pour les combattre, des stratégies sécuritaires : nos sociétés se transforment vite en sociétés de la peur. L’urbanisme, déjà, divise l’espace en forteresses et bidonvilles. On ne peut pas continuer à penser l’urbanisation depuis les commissariats de police : une lecture alternative des phénomènes de violence et d’insécurité urbaines est nécessaire. Elle ne peut se faire qu’en les resituant dans le contexte de la violence de l’urbanisation et de globalisation. En prenant en compte, aussi, le point de vue des pauvres et en privilégiant, d’entre les pauvres, les «méchants», les outsiders, les illégaux, les bandits, les gangs. Il faut réapprendre la ville avec les gangs des bidonvilles. Quand tout paraît fermé, la « vision du pauvre » ouvre des pistes pour une pacification des territoires urbains. In the North and in the South, we like big cities, but we don't like their violence. An exercise is fashionable to attribute the causes to the poorest people, and to adopt for fighting, security strategies: our societies are quickly becoming societies of fear. Town planning is already dividing space into fortresses and slums. We cannot continue to think about urbanization from the police stations: an alternative reading of the phenomena of urban violence and insecurity is necessary. It can only be done by placing them in the context of the violence of urbanization and globalization. By taking into account, also, the point of view of the poor and by privileging, among the poor, the "bad guys", the outsiders, the illegals, the bandits, the gangs. You have to relearn the city with the gangs in the slums. When everything seems closed, the “vision of the poor” opens up avenues for the pacification of urban territories. |
Considérant que les communautés fermées sont le reflet d’un urbanisme de la peur instituant comme projet sociétal la clôture des espaces urbains, cette contribution montre que le couplage « privatisation-sécurisation » n’est pas induit par la seule violence des villes. Il relèverait tout autant du désir des élites de se doter d’une capacité de contrôle accrue, ajoutant, grâce à la fragmentation urbaine générée, un pouvoir urbanistique aux pouvoirs économiques et politiques dont elles disposent déjà. Cette volonté du tout contrôle – bannissant l’imprécision pour qu’un ordre idéal se fasse jour et que la paix demeure – limite toutefois l’aptitude des villes à la mutabilité. La tentative d’incarner spatialement le tryptique « sécurité, sûreté, certitude » ne fait pas uniquement oublier que la ville était un espoir de convivialité. En morcelant et rigidifiant l’espace, elle réduit sa capacité à se réinventer. |
Au singulier, l’espace public désigne la sphère du débat politique, la publicité des opinions privées. Au pluriel, les espaces publics correspondent au réseau viaire, rues et boulevards, places et parvis, parcs et jardins, bref à toutes les voies de circulation ouvertes aux publics, dans les métropoles comme dans les villages urbanisés. Les deux relèvent de la communication. La mondialisation, la révolution communicationnelle, la vidéosurveillance, la multiplication des murs réels et virtuels «effacent » les espaces publics. L’urbanisation planétaire (centres commerciaux, tourisme de masse, mobilier urbain, enclaves sécurisées, etc.) transforme leurs usages et les uniformise. Pourtant, des résistances se manifestent (street art, spectacles de rue, code de la rue, cyber-rue, actions féministes, etc.) qui associent aux espaces publics, gratuits et accessibles, les trois qualités des villes : l’urbanité, la diversité et l’altérité. In the singular, public space designates the sphere of political debate, the advertising of private opinions. In the plural, public spaces correspond to the road network, streets and boulevards, squares and plazas, parks and gardens, in short to all the traffic routes open to the public, in metropolitan areas as well as in urbanized villages. Both are about communication. Globalization, the communication revolution, video surveillance, the multiplication of real and virtual walls "erase" public spaces. Planetary urbanization (shopping centers, mass tourism, street furniture, secure enclaves, etc.) is transforming and standardizing their uses. However, resistance is manifested (street art, street performances, street code, cyber-street, feminist actions, etc.) which associate with public spaces, free and accessible, the three qualities of cities: urbanity, diversity and otherness. |
La violence dans les villes, que ce soit au nord ou au sud, est dans la plupart des cas imputée aux «suspects habituels», à savoir les jeunes vivant dans les quartiers pauvres. Dans cet article, nous tentons de rejeter ce blâme sur le processus d'urbanisation lui-même. Nous introduisons le concept de «violence de l'urbanisation», défini comme l'impact de la transformation rapide et radicale des villes par l'introduction de mégaprojets dans l'environnement spatial et social. L'objectif global de cette transformation est la modernisation (et la mondialisation), mais elle aboutit à la marginalisation de la population plus pauvre. Violence in cities, whether in the North or the South, in most cases is blamed on the 'usual suspects', namely the young people living in poor neighbourhoods. In this article, we attempt to shift this blame to the urbanization process itself. We introduce the concept of 'violence of urbanization', defined as the impact of the rapid and radical transformation of cities through the introduction of mega-projects into the spatial and social environment. The overall objective of this transformation is modernization (and globalization), but it results in the marginalization of the poorer population. |
Les informations de rapport provenaient de visites de sites de projets de logement dans 15 grandes villes et d'une enquête par questionnaire auprès des responsables des autorités chargées du logement, des architectes et des forces de l'ordre dans 150 autres villes. La discussion porte sur le rôle de l'environnement physique dans la définition des zones perçues d'influence territoriale, la capacité de la conception physique à fournir des opportunités de surveillance aux résidents et à leurs agents, les relations entre les zones adjacentes et la capacité de la conception à influencer la perception d'un le caractère unique, l'isolement et la stigmatisation du projet. Dix exemples de cas de projets de logement récemment achevés sont présentés, y compris des logements développés à la fois publics et privés. La plupart de ces projets n'ont pratiquement pas de criminalité et de vandalisme, bien qu'ils soient situés dans des zones à forte criminalité du centre-ville. Information came from site visits to housing projects in 15 major cities and a questionnaire survey of housing authority officials, architects, and law enforcement officials in 150 other cities. The discussion focuses on the role of the physical environment in defining perceived zones of territorial influence, the capacity of physical design to provide surveillance opportunities for residents and their agents, the relationships between adjacent areas, and the capacity of design to influence the perception of a project's uniqueness, isolation, and stigma. Ten case examples of recently completed housing projects are presented, including both publicly and privately developed housing. Most of these projects have almost no crime and vandalism, although they are located in high-crime, inner-city areas. |
Alors que de nombreuses études se sont naturellement focalisées sur les vingt dernières années, la quasi-absence d'études historiques sur la sécurité et la criminalité laisserait supposer que ces phénomènes sont nouveaux en Afrique. L'une des priorités de ce livre est de reconsidérer ces questions en proposant une approche pluridisciplinaire (histoire,science politique, géographique, sociologie, littérature).Premier pays de la région à entrer dans l'ère du crime organisé, le Nigéria constitue aujourd'hui une base essentielle des réseaux criminels transnationaux à l'échelle mondiale. While many studies have naturally focused on the last twenty years, the virtual absence of historical studies on security and crime would suggest that these phenomena are new in Africa. One of the priorities of this book is to reconsider these questions by proposing a multidisciplinary approach (history, political science, geography, sociology, literature). The first country in the region to enter the era of organized crime, Nigeria today constitutes It is an essential basis for transnational criminal networks on a global scale. |
En 1993, lorsque des chercheurs de l'Université d'Ibadan ont proposé à l'Institut Français de Recherche en Afrique (IFRA) - Institut Français de Recherche en Afrique, d'étudier la vague croissante de violence urbaine en Afrique, il n'était pas prévu que le la portée de l'étude augmenterait à un rythme aussi rapide dans les années suivantes. L’Institut a accepté de financer le projet et un colloque international a été organisé au Nigéria en 1994, dans le but d’attirer l’attention sur la question de la violence urbaine et de déterminer son impact sur les différents segments de la société. Comment les Nigérians ont-ils réagi à cette situation? Cette recherche, qui fait suite au Symposium sur la violence urbaine de 1994, aborde cette question. In 1993, when some scholars from the University of Ibadan made a proposal to the Institut Français de Recherche en Afrique (IFRA) — French Institute for Research in Africa, to study the increasing spate of urban violence in Africa, it was not anticipated that the scope of the study would increase at such a fast pace in the following years. The Institute agreed to fund the project and an international symposium was organized in Nigeria in 1994, with the aim of focusing attention on the issue of urban violence and determining its impact on the different segments of the society. How have Nigerians reacted to this situation? This research, which is a follow-up to the 1994 Urban Violence Symposium addresses this question. |
Dix ans après les premières marches Reclaim the Night à la fin des années 1970 a commencé à galvaniser les femmes autour du droit de circuler librement dans l'espace public et privé sans crainte de violence, un mouvement basé sur la gouvernance locale pour promouvoir la sécurité des femmes développé dans les villes européennes et canadiennes et a ensuite été diffusé en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Ce mouvement s'est inspiré de l'urbanisme et du design comme moyen de promouvoir l’autonomisation des femmes. Cet article retrace l'histoire collective de ce mouvement vaguement coordonné. En se concentrant sur trois études de cas, l’étude marque les progrès des cadres théoriques et des outils pratiques au fur et à mesure que le mouvement pour la sécurité des femmes s’internationalise. Ten years after the first Reclaim the Night marches in the late 1970s began to galvanize women around the right to move freely in public and private space without fear of violence, a local governance-based movement to promote women’s safety developed in European and Canadian cities and was later diffused to Africa, Asia and Latin America. This movement drew on urban planning and design as a means to promote women’s empowerment. This paper traces the collective history of this loosely coordinated movement. Focusing on three case studies, we mark the advancements of theoretical frameworks and practical tools as the women’s safety movement internationalized, and reflect on achievements and challenges. |
Cet article décrit la croissance de la criminalité, en particulier la criminalité violente, dans les villes à travers le monde. Il décrit également les causes ou les facteurs contributifs sous-jacents à cette croissance et les réponses des citoyens et les gouvernements -La plupart qui sont en grande partie inefficaces. La dernière section décrit de nouvelles approches qui se concentrent sur des partenariats plus efficaces entre les communautés, les autorités municipales, la police et le système judiciaire, et sur des programmes spéciaux pour les jeunes sans emploi et exclus de nombreux aspects de la société. This paper describes the growth in crime, especially violent crime, in cities around the world. It also describes the underlying causes or contributory factors to this growth and the responses of citizens and governments -most of which are largely ineffective. The final section describes new approaches which centre on more effective partnerships between communities, municipal authorities, the police and the judicial system, and on special programmes for young people who are unemployed and excluded from many aspects of society. |
Welsh, B. C., & Farrington, O. P. (2009). Making Public Places Safer. Surveillance and Crime Prevention. University Press.
Le Royaume-Uni compte plus de 4,2 millions de caméras de télévision publique en circuit fermé (CCTV) - une pour quatorze citoyens. Partout aux États-Unis, des centaines de systèmes de vidéosurveillance sont installés dans les centres-villes, les transports publics et les écoles pour un coût annuel supérieur à 100 millions de dollars. Et maintenant, d'autres pays occidentaux ont commencé à expérimenter la vidéosurveillance pour prévenir la criminalité dans les lieux publics. À la lumière de cette expansion et des dépenses publiques associées, ainsi que des préoccupations pressantes concernant les droits à la vie privée, il est urgent d'adopter une approche fondée sur des preuves pour éclairer les politiques et la pratique. S'appuyant sur des recherches de la plus haute qualité, les criminologues Brandon C.Welsh et David P. Farrington évaluent l'efficacité et les coûts sociaux non seulement de la vidéosurveillance, mais aussi d'autres méthodes de surveillance importantes pour prévenir la criminalité dans l'espace public, telles que l'amélioration de l'éclairage public et de la sécurité. gardes, gestionnaires d'espace et espace défendable. Surtout, le livre va au-delà de la question de "Est-ce que ça marche?" et examine les conditions et les contextes spécifiques dans lesquels ces méthodes de surveillance peuvent avoir un effet sur la criminalité ainsi que les mécanismes qui entraînent une réduction de la criminalité. À un moment où les villes ont besoin de méthodes rentables pour lutter contre la criminalité et où le public prend progressivement conscience du fardeau de sacrifier sa vie privée et ses droits civils pour la sécurité, Welsh et Farrington fournissent ce guide opportun et fiable sur les utilisations les plus efficaces et non invasives de surveillance pour rendre les lieux publics plus sûrs de la criminalité. The United Kingdom has more than 4.2 million public closed-circuit television (CCTV) cameras-one for every fourteen citizens. Across the United States, hundreds of video surveillance systems are being installed in town centers, public transportation facilities, and schools at a cost exceeding $100 million annually. And now other Western countries have begun to experiment with CCTV to prevent crime in public places. In light of this expansion and the associated public expenditure, as well as pressing concerns about privacy rights, there is an acute need for an evidence-based approach to inform policy and practice. Drawing on the highest-quality research, criminologists Brandon C. Welsh and David P. Farrington assess the effectiveness and social costs of not only CCTV, but also of other important surveillance methods to prevent crime in public space, such as improved street lighting, security guards, place managers, and defensible space. Importantly, the book goes beyond the question of "Does it work?" and examines the specific conditions and contexts under which these surveillance methods may have an effect on crime as well as the mechanisms that bring about a reduction in crime. At a time when cities need cost-effective methods to fight crime and the public gradually awakens to the burdens of sacrificing their privacy and civil rights for security, Welsh and Farrington provide this timely and reliable guide to the most effective and non-invasive uses of surveillance to make public places safer from crime. |
Les métropoles d’Afrique subsaharienne à la fois fascinent et effraient. Pourquoi se retrouvent-elles aujourd’hui parmi les plus chères du monde, telles Luanda (Angola), classée 2e juste derrière Hong Kong ou Kinshasa (République démocratique du Congo) 6e devant New York (11e), Londres (17e) ou Paris (44e). Une cherté qui pose question face aux faibles indices de développement humain des pays parmi les plus pauvres du monde où elles se situent. The metropolises of sub-Saharan Africa both fascinate and frighten. Why are they today among the most expensive in the world, such as Luanda (Angola), ranked 2nd just behind Hong Kong or Kinshasa (Democratic Republic of the Congo) 6th ahead of New York (11th), London (17th) or Paris ( 44e). A high cost that raises questions in the face of the low human development indices of the poorest countries in the world where they are located. |
La notion de «frange» abordée dans ce dossier soulève des questions méthodologiques - objet de la préface de Philippe Hugon. En introduction, Marie Morelle et Laeticia Laumonier exposent le cadre analytique utilisé pour assembler les études de cas et mettent en perspective les contributions d'autres sciences sociales à la définition des liens entre les franges de la société et la frange spatiale. Mais cette position mérite d'être discutée, comme le font Frédéric Giraut et Michel Rochefort, en remettant les rapports de force socio-économiques au centre du débat et en mettant en évidence l'imbrication multi-couches des réalités territoriales et du maillage. Bruno Lautier rappelle ensuite que d'autres disciplines ont été les premiers à utiliser le terme de «frange» et pointe les ambiguïtés qui en résultent lorsque ces significations héritées non reconnues sont appliquées à des phénomènes spatiaux en quête de concepts. Les six articles du dossier complètent la présentation. The notion of "fringe" addressed in this dossier raises methodological questions — the subject of the foreword by Philippe Hugon. In the introduction, Marie Morelle and Laeticia Laumonier lay out the analytic framework used to assemble the case studies, and put into perspective the contributions made by other social sciences towards defining connections between the fringes of society and the spatial fringe. But this position is worth discussing, as Frédéric Giraut and Michel Rochefort do, putting socio-economic power relationships back at the centre of the debate and highlighting the multi-layered imbrication of territorial realities and networking. Bruno Lautier then reminds us that other disciplines were first to use the term "fringe" and points to the ambiguities that result when these unacknowledged inherited meanings are applied to spatial phenomena in search of concepts. The six articles in the dossier complete the presentation. |
La durabilité influence désormais la politique gouvernementale au Royaume-Uni, en Australie et aux États-Unis et la politique de planification préconise actuellement des développements résidentiels à haute densité et à usage mixte dans des quartiers perméables à pied, à proximité des transports publics, de l'emploi et des commodités. Cela démontre clairement la popularité croissante, l'influence et l'application des idées de New Urbanist. Cet article passe en revue la recherche criminologique relative au nouvel urbanisme associée aux trois enjeux clés de la perméabilité, du stationnement dans la voie arrière et de l'aménagement à usage mixte. Ces questions clés sont abordées du point de vue de la criminologie environnementale et remettent en question les hypothèses des nouveaux urbanistes concernant la criminalité. L'article propose que la prévention du crime par la conception environnementale et son modèle d'évaluation des risques de criminalité représentent un outil précieux que les nouveaux urbanistes peuvent utiliser pour réduire les possibilités de criminalité et lutter contre la peur du crime dans la communauté. Des recommandations pour de futures recherches et collaborations sont discutées. Sustainability now influences government policy in the UK, Australia and USA and planning policy currently advocates high density, mixed-use residential developments in ‘walkable’, permeable neighbourhoods, close to public transport, employment and amenities. This clearly demonstrates the growing popularity, influence and application of New Urbanist ideas. This article reviews the criminological research relating to New Urbanism associated with the three key issues of permeability, rear laneway car parking and mixed-use development. These key issues are discussed from an environmental criminology perspective and challenge New Urbanist assumptions concerning crime. The article proposes that crime prevention through environmental design (CPTED) and its crime risk assessment model represents a valuable tool for New Urbanists to utilise to reduce opportunities for crime and tackle fear of crime in the community. Recommendations for future research and collaboration are discussed. |
La cartographie des formes de violence qui s'exercent dans le continent africain est encore un processus en cours. Cet article s'emploie à rendre compte de la pratique et de la productivité de la criminalité perpétrée par les coupeurs de route. Il s'agit précisément de décrire les techniques de coupe et les formes de violences dont elles s'accompagnent afin d'évaluer leurs conséquences au niveau de l'individu, de la communauté locale (cadre du village) et leurs répercussions sur le projet stato‑national. The mapping of the forms of violence that operate in the African continent is still an ongoing process. This article seeks to capture the practice and productivity of crime perpetrated by coupeurs de route. It is precisely a question of describing the cutting techniques and the forms of violence with which they are accompanied in order to assess their consequences at the level of the individual, the local community (village framework) and their repercussions on the stato project. national. |
La qualité des données démographiques nationales en Afrique revêt quatre dimensions : l’exhaustivité de la couverture, la pertinence des catégories employées dans la collecte des données, la fiabilité des données collectées et la profondeur des données sur une question précise. Cet article étudie particulièrement les deux premières dimensions afin d’examiner pourquoi certaines populations sont sous-énumérées dans différentes modalités de collecte des données nationales. Il utilise des données publiques : les recensements, les DHS (Demographic and Health Surveys) et d’autres enquêtes nationales avec leur documentation, y compris les rapports méthodologiques et les manuels d’enquêteur. Il identifie trois groupes qui sont sous-énumérés ou mal représentés – les vieilles femmes sahéliennes, les pasteurs nomades et les hommes jeunes – et il en interroge les raisons diverses : l’exclusion volontaire, les méthodologies de collecte mal adaptées à la culture locale et les définitions harmonisées. The quality of national demographic data in Africa is based on four factors: the completeness of coverage, the relevance of the data collection categories used, the reliability of the data collected, and how in-depth the data are on a given topic. This article focuses more specifically on the first two factors to examine why certain populations are under-enumerated in different types of national data collection. It draws on publicly available data: census data, demographic and health surveys (DHSs) and other national surveys and their documentation, including methodological reports and enumerator manuals. It identifies three groups that are under-enumerated or poorly represented—elderly women in the Sahel, nomadic pastoralists, and young men—and it examines the reasons for this: voluntary exclusion, data collection methodologies that are poorly adapted to the local culture, and harmonized definitions. |
Les musées, au sens classique, sont souvent des espaces de violence épistémologique. Les musées de l’ère coloniale tendaient notamment à justifier la mainmise européenne. Les musées informels de l’après-colonisation, dans les interstices du tissu urbain, tendent, eux, à casser les rigidités : multipliant astuces et simulations polymorphes, qui contournent l’ordre établi, ils sont par nature instables et éphémères. Le sort des fresques de Papisto Boy à Dakar, dans le bidonville de Bel-Air rasé en 2002, en offre l’exemple. Mais cette réinvention de la ville a contribué à confirmer l’authenticité hybride de Dakar. Museums, taken in the classical sense, are often spaces of epistemological violence. Most notably, museums of the colonial period tended to justify European domination. The informal museums of the post-colonial era, which merged in the interstices of urban life, tended to break down rigidities. By multiplying techniques and polymorphic simulations, which undermined the established order, these interventions are by definition unstable and ephemeral. The frescos by Papisto Boy, which embellished the shantytown of Bel-Air, in Dakar, only to be razed in 2002, are an example of this instability. But this reinvention of the city confirms the hybrid authenticity of the city of Dakar. |
Un certain nombre d'études antérieures ont avancé l'hypothèse que la famille nucléaire de type européen formant un seul groupe résidentiel devient ou est devenue la règle dans les villes africaines. Partant de l'étude approfondie d'une famille sénégalaise urbanisée depuis cinq générations, A. Osmont établit que le groupe de descendance, la famille élargie avec plusieurs unités d'habitation, reste la base principale des relations sociales et économiques dans le milieu urbain d'aujourd'hui. A number of previous studies have advanced the hypothesis that the European-type nuclear family forming a single residential group is becoming or has become the rule in African cities. Starting from the study in depth of a Senegalese family urbanized for nve generations, A. Osmont establishes that the descent group, the extended family with several residential units, remains the main basis of social and economie relationships in today's urban milieu. |
L’axe « Violences urbaines » se consacre à l’historicisation et à la problématisation d’un phénomène qui suscite un vaste intérêt dans un climat de protestations sociales, de terrorisme et d’éruptions de violence individuelle ou collective. Au moyen d’enquêtes historiques ou sociologiques, il vise à faire de la notion de « violences urbaines » un outil d’analyse efficace pour des études systématiques et empiriques. La première partie de cet article présentera le premier de ces projets qui porte sur les phénomènes de violence urbaine dans des quartiers défavorisés à Paris et Berlin, au regard du genre et du rapport à l’espace. La deuxième partie s’attache au second projet qui porte sur les conflits globaux au sein de la ville. Ces deux analyses ont pour point de convergence leur intérêt pour le rôle de la violence dans la production d’espaces sociaux. Ils adoptent une approche comparatiste et spatialisée. The "Urban Violence" axis is devoted to the historicization and problematization of a phenomenon that arouses wide interest in a climate of social protests, terrorism and eruptions of individual or collective violence. By means of historical or sociological surveys, it aims to make the notion of "urban violence" an effective analytical tool for systematic and empirical studies. The first part of this article will present the first of these projects which focuses on the phenomena of urban violence in disadvantaged neighborhoods in Paris and Berlin, with regard to gender and the relationship to space. The second part focuses on the second project which deals with global conflicts within the city. These two analyzes converge on their interest in the role of violence in the production of social spaces. They adopt a comparative and spatialized approach. |
La violence urbaine et criminelle en Afrique subsaharienne est relativement récente et les représentations coloniales de la ville ont pu en influencer l'analyse après la période des indépendances, avec des répercussions importantes sur les politiques pénales. Aujourd'hui, les recherches sur le sujet continuent de buter sur plusieurs écueils, à commencer parle problème des données statistiques peu fiables, la difficulté à distinguer les violences d'ordre politique ou criminel et les poncifs sur la brutalité intrinsèque des Noirs ou des taudis. La « théorie du complot », en particulier, minimise les dynamiques locales et endogènes de la violence urbaine au profit de vagues conspirations mondiales. Le renouvellement des perspectives vient plutôt de ce que, désormais, on n'étudie plus seulement les causes de la violence en ville, mais aussi ses conséquences. Urban and criminal violence in sub-Saharan Africa is relatively recent and colonial representations of the city may have influenced the analysis after the period of independence, with important repercussions on penal policies. Today, research on the subject continues to come up against several pitfalls, starting with the problem of unreliable statistical data, the difficulty in distinguishing political or criminal violence and clichés on the intrinsic brutality of blacks or slums. . In particular, “conspiracy theory” downplays local and endogenous dynamics of urban violence in favor of vague global conspiracies. The renewal of perspectives comes rather from the fact that, from now on, we no longer only study the causes of violence in the city, but also its consequences. |
Cette étude compare deux types de barrage routier mis en place par des entités représentant les professionnels du transport de passagers au Ghana et au Sénégal. Loin de se déployer dans un registre concurrent de celui des autorités légales, la légitimité de chacune de ces formes de barrage repose sur la mise en scène d’une proximité avec l’État, son idéal, sa symbolique et les fonctionnaires qui le représente. La mise en regard de ces deux cas permet cependant d’aller encore plus loin. Au Ghana, cette pratique a longtemps été encadrée par le droit. Au Sénégal, elle est en revanche le produit d’une multitude d’accords informels passés à l’échelle des villes ou des régions. Cette différence a doté l’entité ghanéenne de plus de ressources pour mettre en scène son étaticité, mais l’a aussi rendue plus vulnérable aux évolutions de la conjoncture politique nationale que son homologue sénégalaise. Dans ce cas précis, la forme a priori la plus bricolée d’étaticité est loin d’être la plus fragile. Elle apparaît au contraire comme la plus durable, si ce n’est la plus stable. This study compares two types of roadblocks created by entities representing passenger transport professionals in Ghana and Senegal. Far from competing with the legal authorities, each of these types of roadblock bases their legitimacy on a performance of proximity with the state, its ideal, symbolism and the officials who represent it. By comparing these two cases, however, one may go further. In Ghana, this practice has long been subject to legal supervision. In Senegal, by contrast, it is the result of an array of informal agreements reached at the municipal and regional levels. While this difference confers greater resources upon the Ghanaian entity to stage its proximity with the state, it also makes it more vulnerable than its Senegalese counterpart to changes in the national political conjuncture. In this specific case, what may a priori seem the most fragile performance of the state appears to be the most enduring, if not the most stable. |
L’ouvrage a une approche fortement macro-économique et ne prend que rarement en compte la problématique des petites villes rurales. Il a cependant toute sa place dans ce dossier sur la décentralisation et le financement des collectivités territoriales en Afrique subsaharienne dans la mesure où l’auteur – à partir d’un cadre très solidement étayé – aborde, sous ses diverses facettes, la question de l’accès des villes d’Afrique à des sources de financement et des pistes pour qu’elles puissent faire face à leurs besoins d’investissement. The book has a strong macroeconomic approach and only rarely takes into account the problem of small rural towns. However, it has its place in this dossier on decentralization and the financing of local authorities in sub-Saharan Africa insofar as the author - from a very solidly supported framework - addresses, in its various facets, the question of access of African cities to sources of financing and avenues so that they can meet their investment needs. |
Dans cette contribution qui regroupe six article, nous suggérons, entre autres, des contributions sur la qualité des données, son évolution au cours du temps et le rôle des innovations, notamment les nouvelles technologies ; nous sollicitons des réflexions sur des questions d’économie politique de la quantification, en interrogeant l’émergence potentielle d’une nouvelle forme de gouvernementalité en Afrique ; nous incitons aussi à creuser la sociologie du chiffre sur le continent, à l’instar des travaux à la Desrosières (1993, 2008 et 2014) ou Porter (1995) pour les pays développés. Enfin, et en lien avec le point précédent, nous convoquons le spectre le plus large de disciplines des sciences sociales. C’est donc avec ce prisme étendu que ce dossier vous est présenté. In this contribution which brings together six articles, we suggest, among other things, contributions on data quality, its evolution over time and the role of innovations, in particular new technologies; we invite reflections on questions of political economy of quantification, questioning the potential emergence of a new form of governmentality in Africa; We also encourage further research into the sociology of figures on the continent, following the example of work at Desrosières (1993, 2008 and 2014) or Porter (1995) for developed countries. Finally, and in connection with the previous point, we call on the broadest spectrum of social science disciplines. It is therefore with this extended prism that this dossier is presented to you. |
Présentation éditoriale du deuxième numéro spécial du CEA sur les villes africaines (pas sur «la ville africaine»). Dans ce numéro, l'accent méthodologique est mis sur les microanalyses qui concernent principalement les petits groupes sociaux et les descriptions qualitatives plutôt que quantitatives des pratiques et processus sociaux, aboutissant à trois thèmes principaux: stratégies d'insertion en milieu urbain, actions économiques «informelles»; une tentative provisoire et partielle vers une synthèse plus large des processus de stratification sociale. Editorial presentation of the second special issue of CEA on African towns (not on 'the African town'). In this issue the methodological accent is put on microanalyses concerned mainly with small social groups and qualitative rather than quantitative descriptions of social practices and processes, resulting into three principal themes: strategies of insertion into the urban milieu ;'informal' economy actions; a provisional and partial attempt towards a wider synthesis on social stratification processes. |
Parallèlement à l’expansion urbaine, on observe à un accroissement de la criminalité à Dakar. Or face à une recrudescence de cette délinquance urbaine qui se décline sous diverses formes, les autorités publiques ont laissé apparaitre leur incapacité à y faire face. Ainsi, le sentiment d’insécurité ne cesse de se développer au sein d’une population qui se sent abandonnée. Ce texte cherche à contextualiser l’insécurité urbaine dans la dynamique d’urbanisation de la métropole sénégalaise en interrogeant les mécanismes initiés pour lutter contre le phénomène. In parallel urban development, crimes increase in Dakar. However in opposite this urban delinquency which is declined in various forms increase, the public authorities let appear their incapacity to cope there. The feelings of insecurity develop and, population feels there are abandoned. This text seeks to contextualize the urban insecurity in the urbanization dynamics in the Senegalese metropolis. It’s questioning the mechanisms installed to fight against this phenomenon. |
Diaw, A. (2004). Nouveaux contours de l’espace public en Afrique. Diogène, 2(206), 37–46. https://doi.org/10.3917/dio.206.0037.
Il existe plusieurs Afriques, il n’y a pas une réalité homogène du continent. On peut parler plutôt de territorialités mouvantes. Les interrogations cruciales, dans le questionnement sur les humanismes émergents, ont à voir avec l’exégèse du Politique, et au cœur de celui-ci, la démocratie, la citoyenneté et la gestion de la violence, qui apparaît résolument comme une constante de l’expérience politique en Afrique. Elle fonctionne comme un des idiomes politiques au moment même où la démocratie s’impose comme référence universelle et incontournable. L’État africain semble ne plus pouvoir assurer la sécurité de ses citoyens. Le corps humain devient partie intégrante des territoires où se poursuit le conflit. Ce qui est remis en cause est la souveraineté de l’État, qui ne permet plus la construction symbolique d’un peuple qui transforme l’État en État-nation. Comment alors imaginer un espace d’interaction où les affaires collectives sont mises en discussion ? Le cas de la Côte d’Ivoire, de la réforme du Code de la famille au Sénégal., de la tragédie rwandaise sont examinés. L’auteur veut s’inscrire dans la perspective dégagée par Wiredu, le principe d’impartialité compatissante, qui est le principe sur lequel se fonde et se construit l’universalité morale. There are several Africas, there is not a homogeneous reality of the continent. We can speak rather of shifting territorialities. The crucial questions, in the questioning of emerging humanisms, have to do with the exegesis of Politics, and at the heart of it, democracy, citizenship and the management of violence, which resolutely appears to be a constant of the political experience in Africa. It functions as one of the political idioms at the very moment when democracy is establishing itself as a universal and unavoidable reference. The African state seems to no longer be able to ensure the security of its citizens. The human body becomes an integral part of the territories where the conflict continues. What is called into question is the sovereignty of the state, which no longer allows the symbolic construction of a people which transforms the state into a nation state. How then to imagine a space of interaction where collective affairs are discussed? The case of Côte d'Ivoire, the reform of the Family Code in Senegal, and the Rwandan tragedy are examined. The author wants to fit into the perspective of Wiredu, the principle of compassionate impartiality, which is the principle on which moral universality is based and built. |
L’« idée » de ville risque en permanence en histoire d’être restrictive, c’est-à-dire plus « eurocentrée » qu’il n’y paraît. Car l’« idée » de ville que transmet le chercheur est, s’il n’y prend garde, celle de sa propre civilisation. Cette contribution montre que, contrairement aux idées reçues, non seulement l’idée de ville est ancienne et enracinée en Afrique, mais que, à l’heure actuelle, l’existence même de ces villes qui ne ressemblent pas aux nôtres constitue un défi pour les chercheurs en histoire urbaine, qui devrait les inciter à remettre en cause nombre de concepts reçus jusqu’à présent comme acquis. The "idea" of a city is constantly in danger of being restrictive, that is to say more "Eurocentric" than it seems. Because the "idea" of city that the researcher conveys is, if he is not careful, that of his own civilization. This contribution shows that, contrary to popular belief, not only is the idea of the city ancient and rooted in Africa, but that, at the present time, the very existence of these cities which do not resemble ours constitutes a challenge for researchers in urban history, which should encourage them to question a number of concepts so far taken for granted. |
Le développement récent d'un commerce illicite de médicaments dans les villes africaines conduit à se demander pourquoi une société génère et tolère des pratiques illégales pour résoudre ses problèmes de santé. Une étude de la vente de médicaments sur les marchés de Pikine, banlieue de Dakar, apporte une double réponse. D'une part, les autorités publiques ne sont pas en mesure d'assurer un accès économique aux médicaments pour les citadins pauvres: d'où la multiplication des points de vente illicites où les médicaments sont vendus à un prix inférieur. D'autre part, les réseaux d'approvisionnement et la formation des concessionnaires sont contrôlés par la puissante confrérie muride dont l'étroite relation politique avec les autorités de l'Etat empêche l'intervention officielle. Il en résulte une politique qui, malgré les dénonciations officielles, alterne tolérance passive et répression occasionnelle. The recent development of an illicit trade in medicines in African towns leads to wonder why a society generates and tolerates illegal practices in order to solve its health problems. A study of the sale of medicines on the markets in Pikine, a suburb of Dakar, provides a double answer. On the one hand, the public author-ities are unable to ensure economie access to medicines for the urban poor: hence the multiplication of illicit outlets where drugs are retailed at a lower price. On the other hand, the supply networks and the dealers' training are controlled by the powerful Murid brotherhood whose close political connection with the State authorities hinders officiai intervention. This results in a policy which, in spite of officiai denunciations, alternates passive toleration with casual repression. |
A strange narrative describing in terms of witchcraft and supernatural concepts the metamorphosis into a city-state of a Bete village (mid-western Ivory Coast). A brief definition of some of these concepts, especially that of 'wraith' or 'double', is necessary in order to understand that this narrative, far from betraying an escape into the realm of phantasmatic imagination, does in fact shed a metaphoric light on the underlying dynamics of village life. Objective data relating to rural exodus, back-and-forth movements between town and village, investment in the school System, and strategies of social mobility orientated mainly toward the state apparatus tend to delineate a new reality. The village no longer pertains to rural patterns but rather shows a trend toward dissolution within the attraction spheres of Eburnean society, i.e. towns (chiefly Abidjan) and state. In dreamlike fashion the narrative operates a condensation of facts observable in real life (emigration, school attendance) in a kind of wish-fulfillment which constitutes a privileged approach. |
L’article est basé sur un travail de terrain intermittent, réalisé dans la capitale malienne entre janvier 2010 et janvier 2016. Une partie des données provient de recherches plus larges, entreprises entre 2010 et 2013, sur le cycle de vie et la carrière des fonctionnaires. Les données montrent que l’acquisition d’une maison constitue le degré le plus élevé de réalisation de chaque fonctionnaire et le bilan de son destin particulier. Comme l’a souligné G. Friedman (1960 : 688-689), la maison révèle toute la subjectivité caractéristique du fait d’être des employés d’État. C’est ce désir irrésistible de posséder une maison à tout prix, exprimé par de nombreux nouveaux habitants de Bamako, que cet article tente de comprendre. La perspective proposée par l’auteur ici permet de reprendre les aspects matériels et immatériels décrits par ces auteurs. L’étude se concentre sur les corrélations entre la signification matérielle et symbolique de la maison et les identités de son fondateur (mythe, mémoire, titre, rôle). The article is based on intermittent fieldwork, carried out in the Malian capital between January 2010 and January 2016. Part of the data comes from broader research, undertaken between 2010 and 2013, on the life cycle and career of civil servants . The data shows that buying a home is the highest level of achievement for every public servant and the toll of their particular destiny. As G. Friedman (1960: 688-689) has pointed out, the house reveals all the subjectivity characteristic of being a government employee. It is this overwhelming desire to own a home at any cost, expressed by many new residents of Bamako, that this article attempts to understand. The perspective proposed by the author here makes it possible to take up the material and immaterial aspects described by these authors. The study focuses on the correlations between the material and symbolic meaning of the house and the identities of its founder (myth, memory, title, role). |
Ce numéro porte sur un champ de l’histoire, l’histoire sociale, appliqué à un terrain doublement particulier : la ville et l’Afrique, dont on doit questionner d’emblée la pertinence. La ville africaine existe-t-elle ? Certes non. Des villes en Afrique, oui. Ce numéro ne pourra, à travers quelques exemples, que souligner la diversité des situations et des thématiques tout en mettant en évidence quelques traits communs. Il oblige par conséquent à faire des choix drastiques, aussi bien spatialement que thématiquement, puisque l’histoire sociale recoupe bien des champs de l’histoire (histoire religieuse, histoire des loisirs, histoire du genre, histoire culturelle, histoire économique), ici appréhendés dans un espace spécifique. This issue focuses on a field of history, social history, applied to a doubly specific area: the city and Africa, the relevance of which we must immediately question. Does the African city exist? Of course not. Cities in Africa, yes. This issue can only, through a few examples, highlight the diversity of situations and themes while highlighting some common features. It consequently forces us to make drastic choices, both spatially and thematically, since social history cuts across many fields of history (religious history, history of leisure activities, history of gender, cultural history, economic history), which are understood here. in a specific space. |
L'expérience pratique d'une équipe multidisciplinaire travaillant sur la déstructuration familiale et la formation de groupes dans les villes africaines a conduit à la conclusion qu'une approche anthropologique, plutôt que sociologique, est la mieux adaptée à l'étude d'un certain nombre de situations urbaines. L'anthropologue est cependant confronté à une variété de problèmes méthodologiques, théoriques et pratiques (ainsi qu'éthiques) souvent très différents de ceux rencontrés dans le travail de terrain rural. Cet article tente de définir ces problèmes sans proposer de solution réelle. The practical experience of a multidisciplinary team working on family de-structuration and group formation in African towns has led to the conclusion that an anthropological, rather than sociological, approach is best fitted for the study of a number of urban situations. The anthropologist is, however, confronted with a variety of methodological, theoretical, and practical (as well as ethical) problems often quite different from those encountered in rural field work. This paper is an attempt to define these problems without setting forth any actual solution. |
L’histoire des villes en Afrique est un champ d’étude relativement nouveau, attentif depuis une vingtaine d’années aux influences de l’urbanisation sur les pratiques sociales et culturelles africaines et à la manière dont les Africains ont façonné les villes. La multiplication des études de cas au contenu fort variable témoigne de ce nouvel intérêt. Cependant, le bilan historiographique des recherches sur l’Afrique de l’Ouest apparaît en demi-teinte. D’un côté, l’histoire urbaine a accéléré le renouvellement de l’histoire sociale, politique et même culturelle en faisant surgir des acteurs, des pratiques et des institutions inconnus il y a trente ans. De l’autre, elle reste largement imperméable à la longue durée comme aux thèmes très contemporains de la consultance internationale. La perspective monographique demeure le cadre normatif de la production historique si bien qu’il n’existe toujours pas de synthèse sur l’Afrique de l’Ouest malgré une tradition urbaine pluri séculaire unique en Afrique subsaharienne. History of cities in Africa is a recent field of research which interrogates – for now two decades – the ways in which Africans shaped the patterns of urbanisation and how urbanisation influenced African social and cultural practices. The development of numerous case studies – of unequal quality – testifies this new interest for African cities. However, an overview of the literature on West Africa is not totally satisfactory. On the one hand, urban history has accelerated the renewal of social, political and even cultural history focusing on urban actors, practises and institutions totally unknown thirty years ago. On the other hand, urban history has not really taken into consideration long term periods as well as contemporary topics of international consultancy agencies. A narrowed analysis centred on a specific city is still a major way to write urban history in Africa. Consequently, a West African urban history has not yet been produced despite evidence of remote traditions of urban settlement in this area unique in sub-Saharan Africa. |
La théorie de la marginalité en milieu urbain du Tiers-Monde a particulièrement investi les domaines écologiques et économiques, elle y a associé fréquemment Je risque de dangerosité criminelle. Les problèmes de squatting et du secteur informel ont donné lieu à des politiques urbaines ambiguës qui traduisent les contradictions des types de société dans lesquelles ils surgissent. L’analyse phénoménologique et ethnographique conduit à une approche différentielle des types d’adaptation à la pauvreté. Le squatting apparait comme un ensemble de modes d’appropriation de l’espace urbain fonctionnels et rationnels dans le cadre desquels peuvent éclore des formes d’organisation sociale susceptibles d'apporter des solutions aux problèmes des habitants. The theory of marginality in urban areas of the Third World has particularly invested in ecological and economic fields, it has frequently associated with it the risk of criminal dangerousness. The problems of squatting and the informal sector have given rise to ambiguous urban policies which reflect the contradictions of the types of society in which they arise. The phenomenological and ethnographic analysis leads to a differential approach to the types of adaptation to poverty. Squatting appears as a set of functional and rational modes of appropriation of urban space within the framework of which forms of social organization can emerge that can provide solutions to the problems of residents. |
Dans les pays du Sud, l’urbanisme néolibéral est le plus généralement soustendu par la volonté de faire émerger un marché foncier urbain et par la théorie de l’avantage comparatif. Tandis que les travaux sur les dynamiques de propriété et de citoyenneté ont surtout analysé le premier principe, cet article cherche à établir comment la théorie de l’avantage comparatif a été mise en œuvre dans trois petites villes du Ghana et du Burkina Faso qui occupent une position significative dans la géographie des flux économiques qui façonnent l’Afrique. Deux d’entre elles sont intégrées dans des réseaux établis à l’échelle du globe, la troisième apparaît relativement en marge des dynamiques globales. L’argument développé dans le texte conduit à opérer deux autres déplacements par rapport aux travaux sur la propriété et la citoyenneté : d’abord, en nuançant le paysage urbain pour faire droit à la spécificité intrinsèque des petites villes, ensuite, en élargissant la notion de propriété. Alors que les recherches en milieu urbain étudient le plus souvent les dynamiques de propriété dans la ville, l’article se centre sur une question négligée, celle qui a trait à la propriété de la ville elle-même. In the global South, neoliberal urbanism is generally underpinned by two principles: supporting the emergence of urban land markets, and the theory of comparative advantage. While most research into property and citizenship has focused on the first of these, this paper looks at the implementation of comparative advantage theory in three small cities in Ghana and Burkina Faso that occupy a significant position in the geography of economic flows currently shaping Africa. Two are embedded in global networks, while the third is located at the margins of global dynamics. The argument developed in the paper suggests a move away from classical work on property and citizenship in two other ways: firstly, by qualifying urban landscape and highlighting the specificity of small cities, and, secondly, by broadening the notion of property—whereas most researches study the dynamics of property in the city, the article focuses on a neglected issue, the ownership of the city itself. |
Pourquoi et comment les travailleurs des villes africaines prennent-ils conscience de leur position de classe ? Le développement d'une classe ouvrière urbaine est lié à des circonstances politiques et économiques spécifiques, coloniales et post-coloniales, concernant la main-d'œuvre, ainsi qu'à l'inégale pénétration du capitalisme. De telles conditions déterminent à la fois la conscience politique de classe et l'action — ou l'inaction — de la classe ouvrière, qui vont du soutien aux relations de clientèle au réformisme ou à la recherche militante de transformations radicales. Celle-ci, notamment, est fonction du niveau d'éducation et des efforts syndicaux autant que d'une réaction à l'exploitation et à la répression. Comment cette prise de conscience politique va-t-elle se développer ? Alors que son évolution vers la radica-lisation, c'est-à-dire la lutte de classe, est lente et ambiguë, les travailleurs urbains et ruraux ont à faire face à ces questions : qui sont les ennemis — et les alliés —- de classe ? Quelles alliances rechercher ? « Que faire ? » Comment réagir à l'exploitation ? La conscience de classe doit rejeter le chauvinisme ethnique (mais non la conscience d'une tradition culturelle) et la concurrence, dans la mesure où cette conscience s'enracine dans le contexte historique du changement des modes de production, de l'appropriation des ressources, et de la solidarité d'un mouvement syndical militant. Le tout relève de la question plus générale de savoir quel genre de système de classes existe déjà en Afrique et dans le reste du tiers monde. Why and how do workers in African cities realize their class position? The development of an urban working class is linked to specific political and economic circumstances, colonial and post-colonial, concerning the workforce, as well as the unequal penetration of capitalism. Such conditions determine both class political consciousness and the action - or inaction - of the working class, which range from customer relations support to reformism or the militant search for radical transformations. This, in particular, is a function of the level of education and union efforts as much as of a reaction to exploitation and repression. How is this political awareness going to develop? While its evolution towards radicalization, that is, the class struggle, is slow and ambiguous, urban and rural workers have to face these questions: who are the enemies - and the allies --- class? What alliances to look for? " What to do ? »How to react to exploitation? Class consciousness must reject ethnic chauvinism (but not the consciousness of a cultural tradition) and competition, insofar as this consciousness is rooted in the historical context of the change in modes of production, of the appropriation of resources. , and the solidarity of a militant trade union movement. It all comes down to the more general question of what kind of class system already exists in Africa and the rest of the Third World. |
Le manque d’autonomisation et la pauvreté dans laquelle vivent les femmes et les filles restent des facteurs qui perpétuent les violences au sein de la société. L’objet de cette étude est d’analyser les perceptions des populations sur les violences faites aux femmes et aux filles au Sénégal. Une étude analytique qualitative a été menée, du 10 avril au 9 mai 2017, sur l’ensemble des 11 régions du Sénégal disposant d’un tribunal de grande instance (TGI). Les participants étaient représentés par les victimes au nombre de 86, 11 procureurs des TGI, 23 chefs de services des urgences et 23 chefs de services gynécologiques. Des entretiens individuels ont été effectués. L’analyse du contenu étayée par une analyse thématique a été menée avec le logiciel Iramuteq. The lack of empowerment and the poverty in which women and girls live are factors that perpetuate violence in society. The purpose of this study is to analyze people’s perceptions of violence against women and girls in Senegal. A qualitative analytical study was conducted from April 10 to May 9, 2017 on all 11 regions of Senegal with a High Court (HC). The populations were represented by 86 victims, 11 HC prosecutors, 23 chiefs of emergency services and 23 heads of gynecological services. Individual interviews were conducted. Content analysis supported by a thematic analysis was conducted with Iramuteq software. |
L'étude des migrations et des établissements urbains des personnes nées à la campagne en Afrique est entravée par l'insuffisance de concepts habituels tels que celui de résidence. Avant la mise en œuvre d'enquêtes à grande échelle, il est nécessaire de mieux comprendre le phénomène grâce à une enquête approfondie sur les petites unités sociales et spatiales. Le recueil de récits de vie à Accra et Lomé a permis d'approfondir la notion d'espace de vie et de système résidentiel afin de mieux rendre compte de la situation des nouveaux citadins. The study of the migrations and urban settlements of country-born people in Africa is impeded by the inadequateness of such usual concepts as that of residence. Before the implementation of large scale enquiries, it is necessary to secure a better understanding of the phenomenon through a thorough investigation of small social and spatial units. The collection of life-stories in Accra and Lome has allowed to deepen the notion of life space and residential System in order to give a better account of the situation of new town-dwellers. |
L’insécurité en Côte d’Ivoire est stable. Les actions et missions de la police ne suffisent pas pour la réguler. Il est possible de compléter celles-ci par la stratégie de la prévention situationnelle « intégrée ». Celle-ci porte sur huit points complémentaires : 1- Analyse des problèmes criminels ; 2- Intégration de la technologie de sécurité ; 3- Surveillance continue de précision ; 4- Restauration de sites à risques ; 5- Police de proximité anticipatrice ; 6- Actions coordonnées des régulateurs ; 7- Modification de l’attitude des victimes potentielles ; 8- Evaluation et adaptation des actions. Insecurity in Ivory Coast is stable. Acts and assignments of police are not enough to decline it. It is possible to complete these by the strategy of “integrative” situational prevention. These are supported by eight complementary degrees: 1- Analysis of criminals problems; 2- Integration of security technology; 3- Precision in uninterrupted supervision; 4- Restoration of risks situations; 5- Proximity police for anticipation; 6- Regulator co-ordination acts; 7- Modification of potential victims attitudes; 8- Valuation and adaptation acts. |
La confrérie muride qui était au départ une organisation purement rurale s'est répandue dans les villes sénégalaises surtout après l'indépendance. Sa structure agraire traditionnelle, le daara, en charge du «champ du mercredi» cultivé au profit du marabout, n'a pas pu être transplanté avec succès dans le contexte urbain. Au lieu de l'unité religieuse, économique et résidentielle des villages murides, la ville était caractérisée par une économie non agricole, une diversité d'origines ethniques et de statut social, et la dispersion spatiale des fidèles, qui ne pouvaient plus offrir de cadeaux à leurs dirigeants. en nature (produire). Dahira développé comme une réponse adaptatives à ces problèmes: dans le nouveau contexte urbain, il a pris les fonctions du daara rural, en supposant les mêmes finalités (en particulier dans Ternis du marabout) relation de taalibe) à travers différents moyens. The murid brotherhood which was at first a purely rural organization has spread into the Senegalese towns especially after Independence. Its traditional agrarian structure, the daara, in charge of the 'Wednesday field' cultivated for the marabout's benefit, could not be successfully transplanted into the urban context. Instead of the religious, economie and residential unity of the murid villages, the city was characterized by a non agricultural economy, a diversity of ethnie origins and social status, and the spatial dispersion of the faithful, who could no longer provide their leaders with gifts in kind (produce). The dahira developed as an adaptative answer to these problems: in the new urban setting, it has taken over the functions of the rural daara, assuming the same finalities (especially in ternis of the marabout) taalibe relationship) through different ways and means. |
Considérée d'un point de vue macro-sociologique, la marginalité, dans les villes du tiers monde, est le produit d'un processus continu de prolétarisation. Ce processus affecte les formations sociales dominées, dans le cadre du capitalisme international. Alors que la paupérisation les éloigne de la campagne, un nombre croissant de paysans affluent vers les métropoles qui ne parviennent pas à les accueillir en raison de la faiblesse et de l'orientation extérieure du secteur industriel et commercial moderne. Ils s'installent dans la marginalité spatiale des banlieues et dans la marginalité économique du soi-disant «secteur informel» où ils deviennent «l'armée de réserve de l'industrie». Cependant, des recherches récentes dans les villes africaines montrent que la diversité des situations urbaines et des statuts socio-économiques relève d'un certain nombre de déterminants concrets et exige une approche typologique plus fine. Néanmoins, le caractère hétérogène du secteur marginal - ou «informel» - ne signifie pas qu'il échappe à la détermination capitaliste. Une analyse dynamique de la marginalité en tant que processus étaye l'hypothèse qu'il s'agit en fait d'une modalité de la relation capital / travail. La marginalité est un produit du capitalisme concourant à sa reproduction élargie. La domination du secteur moderne sur le secteur informel explique comment les relations de production sont en réalité exploitantes, même si elles le sont secrètement. Cette domination implique un processus de prolétarisation et de sous-prolétarisation des marginaux. Considered from a macro-sociological viewpoint marginality, in Third World cities, is the product of a continuous process of proletarianization. This process affects the dominated social formations, within the framework of international capitalism. As pauperisation drives them away from the countryside, growing numbers of peasants flock into the metropolises which fail to accomodate them due to the weakness and outside-orientation of the modem industrial and commercial sector. They settle down in the spatial marginality of the suburbs and the economie marginality of the so-called 'informai sector' where they become the 'reserve army of the industry'. However recent investigations in African towns show that the diversity of urban situations and socio-economic statuses pertains to a number of concrete determinants and demands a finer typological approach. Nevertheless the heterogeneous character of the marginal — or 'informai' —sector does not mean it escapes from capitalistic determination. A dynamic analysis of marginality as a process supports the assumption that it is in fact a modality of the capital/ labour relationship. Marginality is a product of capitalism concurring in its widened reproduction. The domination of the modem sector upon the informai one explains how the production relationships are actually exploitative, even if covertly so. This domination implies a process of proletarianization and underproletarian-ization of the margin people. |
Cet article examine la pluralité et l’épaisseur des relations sociales en milieu urbain telles qu’elles se déploient dans les champs de la propriété et de la citoyenneté et telles qu’elles s’y articulent. Peu de choses sont plus fondamentales dans la vie sociale et politique que ce que nous avons et qui nous sommes : avoir et être. Or, la propriété et la citoyenneté, au sens large, sont sans doute les manifestations les plus évidentes et les plus familières de ces dimensions essentielles. Elles sont, en outre, l’une et l’autre étroitement liées : les prétentions à la propriété sont en partie définies par l’identité sociale et la visibilité politique des personnes, et les revendications de citoyenneté sont quant à elles en partie arbitrées au travers des droits de propriété sur la terre et des revendications à un lieu de vie. L’article suggère que ce lien dynamique constitue un point d’entrée analytique fort enrichissant pour l’étude du pouvoir dans n’importe quelle société. This article examines the plurality and depth of social relations in urban settings as they unfold in the fields of property and citizenship and as they are articulated there. Few things are more fundamental in social and political life than what we have and who we are: to have and to be. However, property and citizenship, in the broad sense, are arguably the most obvious and familiar manifestations of these essential dimensions. They are, moreover, both closely linked: claims to property are in part defined by the social identity and political visibility of individuals, and claims to citizenship are in part arbitrated by through property rights over land and claims to a place to live. The article suggests that this dynamic link provides a very enriching analytical entry point for the study of power in any society. |
La réalité du transport urbain de personnes à Dakar obéit à la loi d’un marchéþdérégulé : face à une demande de mobilité urbaine croissante, une offre plurielle s’invente. Dans un contexte où l’écroulement du service public de transport de personnes est patent, la consolidation du transport privé artisanal à Dakar constitue un potentiel de captage économique important, fruit de négociations quotidiennes entre professionnels, agents de l’État et usagers. L’étude du système de transport par les lieux où il est produit amène à en comprendre les grandes logiques. Leur déploiement à l’échelle de l’agglomération et la multiplicité des acteurs et d’intérêts économiques dérivés du transport de personnes rendent leur observation intéressante. L’émergence d’espaces publics, devenus les points majeurs du réseau de transport collectif privé, résulte de choix de la part des professionnels ou de demandes formulées par des citadins. Espaces stratégiques dans leurs fonctions d’articulation du réseau urbain de desserte, ces lieux ont aussi leur figure emblématique, les coxeurs ou rabatteurs. La création d’un système d’information géographique sur les lieux de transport permet d’analyser, non seulement, la vitalité du secteur privé du transport, mais aussi la répartition géographique de l’offre ainsi que les inégalités socio-spatiales du transport en cours d’accentuation dans l’agglomération. The situation of city passenger transport in Dakar is a strong reflection of the law of a deregulated market. In the face of growing demand for urban mobility, a diverse supply is emerging and evolving. The public passenger transport system is in an obvious state of collapse. In this context, consolidation of transport services offered by small-scale private operators in Dakar represents a sizeable potential for economic gain, the fruit of daily negotiations between professionals, State agents and and transport users. Study of the transport system by examining the places where it is generated helps understand the governing principles. Their deployment over the whole of the city and its suburbs and the multiplicity of the people involved and economic interests derived from passenger transport makes it worthwhile to observe them. The emergence of public places, which have become major points in the private-sector mass-transport network, results from the decisions made by the professional operators or from the various demands expressed by their urban users. These places, strategic spaces in their role as links in the city service network, also have their emblematic figures, the coxeurs or touts. The setting-up of a geographical information system at transport points allows analysis not only of the vitality of the private transport sector, but also the geographical distribution of the supply and social and spatial inequality of access to transport that is deepening in the Dakar agglomeration. |
La géographie urbaine est un sous-champ de la géographie beaucoup plus développé et plus précoce qu'il n'est généralement admis. Avant la période qui paraît être fondatrice, celle des manuels des années cinquante et de l'expansion de recherches spécialisées en géographie humaine, on peut distinguer plusieurs moments où les géographes français s'intéressent vivement à la ville : la période allant de la fin du XIX e siècle aux années dix, marquée par des travaux peu nombreux mais par un certain éclectisme, puis les années vingt, qui prolongent les recherches d'avant-guerre dans le contact avec l'action urbanistique naissante et avec les premières esquisses de régionalisation, enfin les années trente, où la géographie urbaine s'affirme partout sensiblement, notamment au niveau international. Si la monographie de ville et l'analogie organiciste dominent, ce genre n'est qu'un aspect des recherches. L'auteure retrace une évolution générale contradictoire, pour partie responsable de la faible visibilité du champ aujourd'hui : d'un côté le renforcement d'un projet strictement disciplinaire au cours du demi-siècle, mais dans un certain éclatement des problématiques implicites et sans réel travail de construction conceptuelle, de l'autre une extrême sensibilité à l'actualité de la ville, qui ne se confond d'ailleurs pas avec un rythme d'urbanisation mais se calque sur le « problème » ou la « question » urbaine. Urban geography is a sub-branch of geography that is much more highly developed and more advanced than is usually acknowledged. Before the period that appears to have been foundational, the time of the manuals of the fifties and the expansion of specialised research in human geography, we can make out several moments when French geographers showed a lively interest in cities: the period from the end of the nineteenth century to the 1910's, marked by a number of projects that were limited, but eclectic, then the twenties, in which urban geography was becoming visibly established everywhere, notably at the international level. Although the monograph of the city and the organicistic analogy were dominant, this genre was only one aspect of the research undertaken. The author retraces a contradictory general development, which is responsible in part for the weak representation of this branch today: on the one hand the reinforcement over half a century of a strictly disciplinary project, but within a certain explosion of the implicit problematics, and lacking in a real work of conceptual construction, and on the other, an extreme sensitivity to the current relevance of the city, which, we might add, does not coincide with a rhythm of urbanisation, but is modeled on the urban “problem” or “question.” |
Parmi les facteurs contribuant à la croissance de la délinquance juvénile en Afrique de l'Ouest, l'urbanisation et le passage d'un mode de vie traditionnel à un mode de vie urbain jouent un rôle essentiel. La première partie de cet article montre pourquoi la délinquance est un phénomène essentiellement urbain et comment la ville en soi peut être considérée comme une source de criminalité. Les exemples très contrastés du Niger et du Nigéria, aux extrémités opposées du spectre de l'urbanisation, révèlent le fonctionnement des processus qui contribuent à l'aggravation des déséquilibres et des dysfonctionnements dans un contexte de croissance urbaine incontrôlée. Dans les deux pays, malgré leurs caractéristiques différentes, il semble que la délinquance juvénile urbaine soit principalement le résultat d'une situation anomique issue de la perturbation de la vie familiale et communautaire traditionnelle. Among the factors contributing to the growth of juvenile delinquency in West Africa, urbanization and the change from a traditional to an urban way of life play an essential role. The first part of this paper shows why delinquency is a primarily urban phenomenon and how the city per se can be considered as crime-generating. The sharply contrasted examples of Niger and Nigeria, at the opposite ends of the urbanization spectrum, reveal the operation of the processes which contribute to the worsening of unbalance and dysfunction in a context of uncontrolled urban growth. In both countries, in spite of their different characteristics, it seems that urban juvenile delinquency is chiefly the resuit of an anomic situation stemming from the disruption of traditional family and community life. |
Très faiblement pourvue en villes jusqu’à la première moitié du XXe siècle, l’Afrique sudsaharienne connaît depuis quatre décennies les taux de croissance urbaine les plus élevés du monde. Au-delà des graves crises dont le continent est familier, cette véritable « transition urbaine » – qui ne se fait pas aux mêmes rythmes partout – traduit une adoption spectaculaire et générale de la ville par les sociétés africaines. Loin d’être le réceptacle de toutes les misères, la ville est une opportunité saisie dans le cadre de stratégies, notamment familiales, qui jouent également sur d’autres lieux. Un exemple de fonctionnement de la ville est pris dans la question foncière. Mais les difficultés les plus grandes sont d’ordre gestionnaire, du fait de l’ampleur des besoins et de la modicité des ressources. Le défi est immense, pour des acteurs désormais multiples et non plus limités au seul État. L’apprentissage de la ville continue, donnant naissance à des processus d’invention, prometteurs malgré les immenses difficultés. Sub-Saharan Africa had few towns until the first half of the twentieth century, but for the last forty years it has had the highest urban growth rate in the world. Over and above the serious crises the continent has had to face, this major shift to urbanisation, which has occurred more or less rapidly from place to place, reflects the general and spectacular adoption of the town by African societies. Far from being the repository of poverty of all kinds, cities offer numerous opportunities for social strategies, especially for families, who also employ them elsewhere. The example of land tenure illustrates well the way cities work. The biggest problems are those of management, simply because needs are so great and resources are so modest. The challenge is tremendous not just for the State but for all those additional urban players who make an impact on the urban landscape today. Experiencing the town is an ongoing process, giving rise to a spirit of inventiveness, which holds out real promise despite huge difficulties. |
L'évolution des inégalités sexuées ne s'analyse pas de la même façon selon les sphères de la société où elles se manifestent. Cette évolution différentielle pose la question de l'articulation entre rapports de sexes et autres rapports sociaux, notamment de classe, c'est-à-dire de la manière dont peuvent se compenser ou se cumuler handicaps ou ressources des individus dans une certaine configuration sociale. Quelle est la place du féminin dans nos sociétés et quelle est la visibilité sociale des femmes ? The evolution of gender inequalities cannot be analyzed in the same way according to the spheres of society in which they occur. This differential evolution raises the question of the articulation between gender relations and other social relations, particularly of class, that is to say of the way in which the handicaps or resources of individuals can be compensated or accumulated in a certain social configuration. . What is the place of the feminine in our societies and what is the social visibility of women? |
Les personnes rencontrant des difficultés d’insertion professionnelle, les habitants des quartiers en difficulté sont invités à élaborer des projets individuels ou à participer à des projets collectifs. Cette contribution revient sur le possible contresens d’une telle demande. Il est proposé de reconsidérer le rapport que ces personnes, comme les institutions à l’origine de cette demande, entretiennent au temps. Dans une perspective pragmatiste, la participation active des personnes ne peut avoir lieu sans un réinvestissement de l’avenir qui suppose lui-même de nouvelles modalités de constitution du public. People experiencing difficulties of insertion, the inhabitants of districts in difficulty are invited to elaborate individual projects or to participate in collective projects. This contribution goes back to the possible contradiction of such a demand. It is proposed to reconsider the relationship that these individuals, as well as the institutions at the origin of this request, maintain at the time. From a pragmatist perspective, the active participation of people can not take place without a reinvestment of the future which itself implies new ways of building the public. |
Ce travail cherche à identifier les jeunes dans et de la rue, à les localiser et à connaître leur parcours et leur vécu dans cet espace, à cerner les contours et les dimensions de leur culture et à étudier les rapports de celle-ci avec la violence, et à faire enfin une évaluation des actions de prise en charge de la jeunesse marginalisée (jeunes dans et de la rue, jeunes délinquants) en Côte d’Ivoire. This work seeks to identify young people in and on the street, to locate them and to know their journey and their experience in this space, to identify the contours and dimensions of their culture and to study the relationship of this with violence. , and finally to carry out an evaluation of actions taken in charge of marginalized youth (young people in and on the street, young delinquents) in Côte d'Ivoire. |
La ville et les villes sont terrain d’étude majeur pour l’ensemble des sciences sociales. La géographie y est particulièrement présente, mais confrontée et/ou associée à d’autres. En effet, depuis le milieu du XXe siècle, un véritable champ des études urbaines s’est progressivement constitué où se croisent questionnements, points de vue, analyses, parfois formulations théoriques et souvent recommandations. La constitution de ce champ partagé des études urbaines a progressivement abaissé les barrières interdisciplinaires, instauré un dialogue particulièrement constructif entre disciplines sur cet objet commun. Dans ce jeu inter- ou pluri-disciplinaire, la confrontation avec d’autres regards a souvent permis de clarifier ce qui relève de points de vue communs et ce qui renvoie à des approches plus spécifiques et donc complémentaires. Sans ignorer l’ensemble de ces approches, le cadre limité du chapitre renvoie plus particulièrement aux dimensions spécifiques de l’approche géographique des villes, comme en témoigne l’intitulé « Les villes : entre réseaux et territoires ». Towns and cities are major fields of study for all the social sciences. Geography is particularly present there, but confronted and / or associated with others. Indeed, since the mid-twentieth century, a real field of urban studies has gradually been formed where questions, points of view, analyzes, sometimes theoretical formulations and often recommendations intersect. The constitution of this shared field of urban studies has gradually lowered interdisciplinary barriers, established a particularly constructive dialogue between disciplines on this common object. In this inter- or multi-disciplinary game, the confrontation with other perspectives has often made it possible to clarify what comes from common points of view and what refers to more specific and therefore complementary approaches. Without ignoring all of these approaches, the limited scope of the chapter refers more particularly to the specific dimensions of the geographical approach to cities, as evidenced by the title "Cities: between networks and territories". |
La présente synthèse rend compte des traits saillants des études nationales sur les questions suivantes : La compréhension du phénomène cybercriminel et son ampleur dans le pays étudié; l’identification des réponses à la cybercriminalité dans le pays considéré ; l’identification des priorités de recherches sur la cybercriminalité et la sécurité en Afrique. This synthesis reports the salient features of national studies on the following questions: Understanding of the cybercrime phenomenon and its extent in the country studied; identification of responses to cybercrime in the country in question; identifying research priorities on cybercrime and security in Africa. |